Pascal Rossignol via Reuters
POLITIQUE – Comme une envie de Chili en France. À la lumière des résultats de la présidentielle chilienne, où le candidat de la coalition de gauche l’a emporté contre l’extrême droite, la gauche française voit midi à sa porte ce lundi 20 décembre.
À la tête d’une alliance allant du parti communiste au centre gauche, Gabriel Boric, 35 ans, l’a emporté au second tour (55,87% des voix selon les résultats quasi définitifs) sur son adversaire d’extrême droite, José Antonio Kast (44,13%), un admirateur de la dictature d’Augusto Pinochet soutenu par l’ensemble de la droite chilienne.
Il n’en fallait pas plus pour galvaniser ceux qui réclament une union de la gauche, à commencer par Christiane Taubira, qui n’“envisage” sa candidature à la présidentielle que sous cet angle. L’ancienne garde des Sceaux a ainsi félicité le “candidat de l’unité devenu président de la République”. L’allusion est limpide.
La candidate PS Anne Hidalgo, qui plaide pour une primaire pour désigner un candidat commun pour 2022, a vu dans le succès de Gabriel Boric “la victoire de la démocratie, de la justice et de l’égalité”, dans un tweet rédigé en espagnol.
Son porte-parole Stéphane Troussel a été plus direct: “Le seul moyen pour permettre à la gauche de l’emporter, c’est de se rassembler. Regardez ce qui s’est passé, y compris à l’étranger, avec la belle victoire au Chili du candidat de la gauche unie”, a-t-il fait valoir sur Sud Radio.
L’union de toute la gauche, “c’est possible”, a insisté le candidat ex-PS Arnaud Montebourg sur LCI en saluant l’exemple chilien. “L’union de la gauche gagne au Chili contre l’extrême droite (…) Se rassembler pour que le peuple gagne!”, a souligné de son côté Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du PS, tandis que l’ex-ministre Laurence Rossignol se réjouissait d’une “magnifique coalition”.
Union incomplète des gauches
“Coalition” il y a en effet, mais elle n’est pas totale. Les partis de gauche chiliens sont encore plus nombreux qu’en France. Et si le mouvement “Apruebo Dignidad” de Gabriel Boric a su rassembler une grande partie des candidats de gauche, certains se sont dissociés.
Lors du premier tour en novembre, la chrétienne-démocrate Yasna Provoste (13%), de centre-gauche, et Eduardo Artés, à l’extrême gauche (environ 2%), ont fait bande à part. Au second tour, ces deux partis ont fait bloc derrière le candidat Boric… mais encore faut-il arriver au second tour.
En France, aucun des candidats de gauche – du PCF au PS, en passant par les Verts ou les Insoumis – ne semble s’en rapprocher dans les sondages, à quatre mois de l’échéance.
Ce qui n’empêche pas tous les candidats en lice de récupérer la victoire chilienne, en l’analysant à leur sauce. Le représentant de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui rejette systématiquement toute proposition d’union et fait la course en tête à gauche dans les sondages, a ainsi salué la victoire de “son” candidat.
De même, sans évoquer le rassemblement, le candidat du NPA Philippe Poutou y a vu un “encouragement pour relancer et renforcer la révolte et la mobilisation populaire”
Resté silencieux lundi matin, Yannick Jadot, qui lui aussi refuse l’idée d’une primaire des gauches (mais a promis la place de Première ministre à Anne Hidalgo s’il est élu), a fini par tweeter à la mi-journée.
Félicitant (en espagnol) Gabriel Boric pour sa “grande victoire”, le candidat écologiste a vu dans son élection face à l’extrême droite “un message plein d’espoir pour le monde entier”. Sans doute en pensant à la France.
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