Emmanuel Macron consulte toujours avant de nommer un nouveau chef de gouvernement.
Au cœur des tractations, un sujet s’impose : le maintien ou le détricotage de la réforme des retraites.
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Le nouveau gouvernement se fait attendre
Adoptée en mars 2023, la réforme des retraites est l’une des réformes majeures d’Emmanuel Macron, l’une de ses promesses de campagne depuis 2017. Mais elle a été adoptée via 49.3, contre l’avis de l’extrême droite et de la gauche. Alors aujourd’hui, au moment de négocier pour entrer à Matignon et pour construire une coalition gouvernementale, elle est au cœur des tractations. À l’occasion des élections législatives anticipées, Rassemblement national et Nouveau Front populaire (NFP) ont fait campagne pour son abrogation. Mais le camp du président de la République est-il prêt à revenir dessus ?
« Nous l’avons toujours dit, c’est une ligne rouge pour nous et c’est pas un plaisir de le faire (…), on n’a pas d’autre chemin que de faire en sorte de travailler un peu plus », a assuré l’ancien chef des députés macronistes Sylvain Maillard sur Franceinfo ce mardi 3 septembre au matin. « C’est pas de gaieté de cœur, c’est qu’il n’y a pas le choix. Qui voudrait faire autrement emmène la France et l’économie de la France dans le mur », a ajouté le député de Paris, qui s’est par ailleurs montré plutôt favorable à l’hypothèse Thierry Beaudet, peut-être parce que le président du Cese ne remettrait pas en cause ce texte.
Une réforme en péril avec Bernard Cazeneuve ?
Car celle-ci serait-elle menacée par les deux autres hypothèses les plus solides à l’heure actuelle, Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand ? Consulté lundi par Emmanuel Macron, l’ancien Premier ministre socialiste ne s’est pas exprimé récemment sur le sujet et n’a pas indiqué clairement ce qu’il ferait en cas de nomination. Mais en avril 2023, il dénonçait une réforme « très injuste ». « Ce ne sont pas les bonnes mesures et ce n’est pas le bon moment », estimait-il, citant la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Selon lui, elle « va mettre ceux qui ont été en première ligne, en situation de devoir être les premiers contributeurs à l’effort ».
« Si c’est un Premier ministre de gauche, il va faire l’abrogation des retraites, vous pensez que Macron l’accepterait ? », disait un ancien socialiste à l’AFP, doutant que le chef de l’État concrétise cette nomination. Toutefois, une inflexion sur ce sujet lui permettrait peut-être d’obtenir le soutien d’une partie du NFP. S’il « obtient l’abrogation, je réfléchirai, bien sûr », assurait lundi sur BFM le patron des socialistes, Olivier Faure, mais « pour l’instant, je ne sais pas ce (qu’il) dit (…) si c’est un gel, une suspension ou une abrogation ». Des députés NFP tiennent aussi une position plus nuancée sur le sujet, comme le député PS de l’Essonne Jérôme Guedj. Il veut « remettre le sujet sur la table » mais « ne parle pas à ce stade d’abroger » pour tenir compte du résultat des urnes. « Comme la gauche n’a pas gagné, on suspend, on gèle et on rediscute avec les partenaires sociaux », dit-il.
Xavier Bertrand, un choix sans danger pour les retraites ?
Est-ce pour ne pas risquer un détricotage de la réforme des retraites que ce mardi matin, l’hypothèse Xavier Bertrand serait finalement celle qui tient la corde ? Ce mardi matin, l’entourage du chef de l’État a fait savoir qu’il avait pris soin de tester sa nomination auprès des ténors des Républicains ? Ces derniers auraient indiqué au chef de l’État qu’ils ne s’y opposeraient pas, à condition d’avoir des « garanties », notamment de ne pas mener une politique de gauche pour s’assurer du soutien d’une partie du NFP, via une atteinte à la réforme des retraites notamment.
En mars 2023, les députés LR étaient divisés sur le vote de la réforme des retraites, même si selon ses patrons, une majorité était pour et aurait voté en ce sens. En juillet, le pacte législatif présenté par Laurent Wauquiez faisait état de deux lignes rouges pour un pacte gouvernemental avec le camp présidentiel, notamment « aucune diminution du montant des retraites ».