Le village de Thiberville (Eure) vient de recevoir un legs de dix millions d’euros.
Et ce, alors que le donateur ne s’y était jamais rendu.
Plus étonnant encore : la petite commune n’aurait jamais reçu cet argent si elle s’était appelée autrement.
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Le 13H
Comme tant d’autres avant lui, Roger Thiberville n’est devenu célèbre qu’après sa mort. À ceci près que l’homme n’était ni artiste, ni politicien, et que sa nouvelle renommée reste pour l’instant circonscrite à un village eurois de 1.773 habitants. Un village où, du reste, il n’est jamais allé. Mais auquel il a légué, en rendant l’âme à l’âge de 91 ans, à Créteil, le 23 août dernier, un peu plus de 10 millions d’euros ! Simplement parce que cette commune porte le même nom que lui.
« Ce n’est pas 10 millions, mais on va déjà essayer de gagner les 500.000 », rigole le client d’un bar attablé devant son jeu de grattage, dans le reportage sur place du JT de TF1 visible en tête de cet article, encore estomaqué par la « somme folle » qui a été léguée. « Si on la divise par le nombre d’habitants, ça fait un petit chèque pas mal pour chacun », plaisante à son tour une commerçante. Avant qu’un client du petit bistrot voisin, accoudé devant son café, ne se fasse plus sérieux. Et plus curieux. « C’est étonnant, une somme pareille, réagit-il. C’est un illustre Thibervillais ? On n’a aucune information concernant cet homme. »
Et pour cause : jusqu’à ce que L’Éveil Normand (nouvelle fenêtre), le quotidien local, n’apprenne l’ampleur de son legs, Roger Thiberville menait une existence discrète, seul dans un petit appartement parisien. Né le 11 septembre 1932 à Mantes-la-Jolie dans une famille de vignerons, cet ingénieur météorologue avait hérité de ses parents puis de sa sœur, comme lui célibataire et sans enfant. Faute d’héritier, il a donc opté pour un clin d’œil à son nom de famille, en inscrivant celui du village sur son testament.
Si, pour lui, la somme léguée est la valeur estimée de ses nombreux biens immobiliers, parmi lesquels quatre appartements parisiens, pour la municipalité de Thiberville, cela représente plus de cinq fois son budget annuel. « Pour nous, c’est exceptionnel. Je crois que c’est le troisième plus gros don à une commune en France. C’est un chiffre qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer », confie, au micro de TF1, Guy Paris, le maire (SE) de la bourgade.
En conséquence de quoi, l’édile a tenu à dresser une stèle avec cavurne, où seront déversées les cendres du défunt, dans le petit cimetière communal. Et ensuite ? Ensuite, il s’agira d’abord d’effacer la dette bancaire du village, de 407.037 euros, correspondant à trois emprunts effectués pour construire l’école maternelle, acquérir l’immeuble de La Poste et refaire la toiture du groupe scolaire. Puis éventuellement d’investir dans un terrain de football synthétique, une nouvelle caserne des pompiers, la rénovation du jardin public ou encore l’installation d’une maison France services.