La « griffe de sorcière » envahit les côtes corses, au point que des campagnes quotidiennes d’arrachage sont nécessaires.
Mais des scientifiques espèrent bientôt pouvoir valoriser cette plante grasse.
Son huile essentielle pourrait en effet servir d’herbicide pour l’agriculture.
L’arracher tous les jours : c’est le seul moyen qu’ont trouvé les gardes du littoral corse pour se débarrasser de la griffe de sorcière, comme le montre le reportage du 20H ci-dessus. Cette plante ornementale, Carpobrotus edulis de son nom savant, a été importée d’Afrique du Sud au début du XXᵉ siècle pour son esthétique, et a été introduite dans de nombreux jardins sur le pourtour méditerranéen. « Le problème, c’est qu’elle s’échappe », explique Sophie Raspail, responsable de secteur au Conservatoire du littoral de la Corse. « Elle prend la place des espèces indigènes, souvent protégées, souvent précieuses, en couvrant très rapidement le sol et en prenant les ressources, aussi bien en eau qu’en matière organique à la surface du sol. »
« Trouver des alternatives aux produits phytosanitaires »
Mais que faire des griffes de sorcière une fois qu’elles ont été arrachées ? La solution se trouve peut-être au laboratoire de chimie de l’université de Corse : c’est ici que des chercheurs ont extrait l’huile essentielle de la plante pour en étudier les propriétés. Et les expériences sont concluantes : « Cette huile essentielle, on pourrait l’imaginer comme un herbicide naturel » à l’usage du secteur agricole, avance en effet Alain Muselli au micro de TF1.
« On veut vraiment valoriser ces espèces envahissantes, en cherchant et en mettant en évidence des principes actifs », s’enthousiaste le chimiste. En récupérant les griffes de sorcière arrachées sur le littoral, il entend ainsi « faire d’une pierre deux coups et trouver des alternatives aux produits phytosanitaires, dont les conséquences sont plutôt néfastes sur l’environnement et la santé humaine. » Le projet est d’ailleurs en bonne voie : la commercialisation du nouveau produit est prévue pour 2025. En attendant, la recette reste secrète.