Dominique P., 71 ans, doit comparaître à partir de ce lundi 2 septembre devant la cour d’assises du Vaucluse.
Ce septuagénaire est accusé d’avoir recruté cinquante hommes sur Internet pour avoir des rapports sexuels avec sa femme sous soumission chimique, scènes qu’il a filmées.
Aux profils très variés, pères de famille pour certains, les accusés doivent être jugés jusqu’au 13 décembre
Si cet agent de sécurité du magasin Leclerc de Carpentras ne l’avait pas arrêté le 12 septembre 2020 parce qu’il venait de filmer sous les jupes des femmes, Dominique P. sévirait-il toujours ? Placé en garde à vue après cette interpellation dans le supermarché, le septuagénaire avait alors reconnu des « pulsions », avant d’être relâché le temps que les policiers exploitent ses comptes et appareils électroniques.
Et jamais sans doute les enquêteurs, qui ont eu vite fait de placer à nouveau le septuagénaire en garde à vue en novembre 2020, n’auraient pu imaginer ce qu’ils allaient découvrir sur les différents supports. En effet, en exploitant ses téléphones, ses ordinateurs, ceux-ci ont constaté que ce dernier ne faisait pas que filmer sous les jupes des femmes, mais qu’il échangeait également avec des personnes via un groupe nommé « à l’insu », sur le site coco.fr notamment. Dans certaines conversations avec des pseudos sur Skype ou Facebook, le cliché d’une femme nue et endormie qui s’avèrera être la femme du suspect.
Rapidement, les investigations ont mis en évidence que Dominique P., aujourd’hui âgé de 71 ans, avait, pendant des années, proposé à des dizaines d’individus d’avoir des relations sexuelles avec celle qu’il avait épousée une quarantaine d’années plus tôt et alors qu’elle était sous soumission chimique. Âgés de 21 à 68 ans au moment des faits commis entre 2011 et 2020, de tous profils et pères de famille parfois, ce sont au total 51 accusés qui vont ainsi comparaître pour viols aggravés devant la cour d’assises du Vaucluse à partir de ce lundi 2 septembre.
Des scènes filmées
Dans ce dossier, les preuves matérielles ne manquent pas. Outre les conversations sur divers réseaux, des centaines de photos et de vidéos montrant les scènes de viols ont été retrouvées dans différents dossiers nommés « Abus »ou « ses violeurs « . Les noms fichiers sont, eux aussi, sans équivoque, en témoigne notamment celui-ci : « ABUS/nuit du 26 mai 2020 avec MARC SODO 5eme fois ». Des sex-toys et de la vaseline ont également été saisis au cours des perquisitions ainsi que des photos de la fille de Dominique P. à demi-nue sur un lit et de ses belles-filles nues dans la salle de bain.
Comment Dominique P., retraité d’EDF et père de famille, en est-il arrivé à échafauder ce scénario de l’horreur ? Le mis en cause, qui déclare avoir été violé alors qu’il avait 9 ans par un infirmier lors d’une hospitalisation, a indiqué que tout avait commencé en 2014-2015, après que sa femme s’était fait prescrire du Temesta, anxiolytique pouvant entrainer des somnolences. Il avait profité des effets, n’hésitant pas à augmenter la dose de médicaments en dissimulant les comprimés, dans les repas et boissons de sa femme, et en abusant d’elle par la suite pour avoir certaines pratiques sexuelles comme la sodomie qu’elle refusait.
L’intéressé, parfois sous Viagra, a filmé les différentes scènes, et les a ensuite partagées en ligne. Il a ensuite convié des internautes à venir au domicile conjugal de Mazan (Vaucluse) où le couple s’était installé pour sa retraite, « voir ce qu’il faisait à sa femme » selon ses déclarations, puis a proposé son épouse, inconsciente, à d’autres.
Après les actes sexuels, Dominique P. a précisé qu’il nettoyait le corps de celle-ci a et contesté avoir perçu une quelconque rétribution. Il a également confessé retirer « du plaisir » à voir son épouse touchée par quelqu’un d’autre et forcée à subir des actes qu’elle refusait habituellement. Affirmant avoir été « pris dans une addiction » l’empêchant d’arrêter, il a exprimé, après son arrestation, des regrets. Il a assuré qu’il n’y avait pas de volonté d’humilier, mais une certaine perversité.
Journaliste, pompier, gardien de prison…
Outre Dominique P., cinquante autres hommes, aux profils divers et variés et soupçonnés d’avoir violé la victime, seront jugés au cours de ce procès pour avoir violé cette femme qui ignorait tout des faits avant la mise en examen de son époux. Parmi eux, un ancien pompier du Vaucluse, des retraités, un électricien, un militaire, un infirmier, un gardien de prison, un journaliste, un chauffeur routier, des cadres, des personnes sans emploi…
Certains ont, depuis leur arrestation, exprimé des « regrets » et parfois du « dégoût ». Une grande majorité a déclaré ne pas avoir pris de plaisir au cours des relations et ne pas avoir su que la victime était droguée et inconsciente, assurant que Dominique P. leur avait indiqué que son épouse ferait semblant de dormir pendant l’acte. D’autres disent avoir agi en connaissance de cause, une version corroborée par le principal accusé et plusieurs conversations privées sur le forum coco.Fr.
Ils encourent jusqu’à 20 ans de prison
Parmi les 51 accusés, dix-huit sont actuellement détenus (seize dans le cadre de ce dossier, deux pour d’autres causes) et trente-trois se trouvent en liberté sous contrôle judiciaire dans l’attente de ce procès qui doit durer plus de trois mois.
La peine maximale encourue par chaque accusé est de 20 années de réclusion criminelle.
Cinq personnes, dont l’épouse de Dominique P., ses enfants et ses belles-filles, se sont constituées parties civiles. Le procès doit durer jusqu’au 13 décembre.