Vladimir Poutine a été reçu lundi, lors d’une fastueuse cérémonie, par son homologue mongol.
La Mongolie, pays membre de la Cour pénale internationale (CPI), est pourtant censée arrêter le président russe en raison d’un mandat d’arrêt émis contre lui.
Que risque Vladimir Poutine lors de cette visite ? On fait le point.
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Son arrivée a été très scrutée. Vladimir Poutine a été reçu en grande pompe mardi 3 septembre en Mongolie, pays membre de la Cour pénale internationale (CPI). Le président russe est pourtant visé depuis mars 2023 par un mandat d’arrêt pour des suspicions de déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie. Un statut obligeant, en théorie, la Mongolie à arrêter Vladimir Poutine. Quel est le risque encouru par le chef d’État ? TF1info fait le point.
« Pas d’inquiétude », selon le Kremlin
« Cette visite est un risque mesuré pour Vladimir Poutine », indique à TF1info Catherine Le Bris, spécialiste du droit international et chargée de recherche au CNRS. En effet, le Kremlin a assuré ne pas avoir « d’inquiétude » quant à une éventuelle arrestation de Vladimir Poutine. « Bien entendu, tous les aspects de la visite ont été soigneusement préparés », a expliqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, à l’agence de presse russe Tass.
Jusqu’ici, Vladimir Poutine avait fait l’impasse sur toute visite au sein d’États membre de la CPI. Par exemple, il ne s’était ni rendu au sommet des BRICS en Afrique du Sud en août 2023, ni à celui du G20 en Inde un mois plus tard. « Si la Mongolie lui a fourni des garanties qu’il ne serait pas arrêté, sa visite peut constituer pour lui un moyen de montrer sa puissance et de défier le droit international », analyse Catherine Le Bris.
La Mongolie, ex-pays satellite de l’URSS
La CPI ne disposant pas de forces de police, les autorités de la Mongolie sont elles-mêmes chargées d’arrêter Vladimir Poutine. « Les États doivent avoir prévu dans leur droit national des procédures pour arrêter les personnes sous le coup du mandat d’arrêt », indique Catherine Le Bris. Or, à son arrivée lundi soir dans la capitale mongole Oulan-Bator, le président russe a été accueilli par la garde d’honneur, sans être arrêté à sa descente de l’avion.
Démocratie enclavée entre les deux pays autoritaires que sont la Russie et la Chine, la Mongolie conserve des liens étroits avec Moscou depuis la chute de l’Union soviétique en 1991. Ex-pays satellite de l’URSS, elle n’a pas condamné l’invasion russe en Ukraine et s’est abstenue lors des votes sur ce conflit à l’ONU. « Pour Oulan-Bator, le scandale actuel lié au mandat d’arrêt de la CPI n’est qu’une question secondaire par rapport à la nécessité de maintenir des relations sûres et prévisibles avec le Kremlin », commente l’analyste politique Bayarlkhagva Munkhnaran.
« Aujourd’hui, Poutine a humilié la Mongolie en l’utilisant avec cynisme comme monnaie d’échange dans son jeu géopolitique », a réagi sur X le procureur général d’Ukraine, Andriï Kostine. « Assurer la sécurité d’un criminel sape l’essence même du système judiciaire mondial et enfreint sérieusement les valeurs des pays démocratiques. En refusant d’arrêter Poutine, la Mongolie a délibérément mis à mal son statut international », a-t-il estimé.
Le pays d’Asie centrale serait le deuxième État dans l’histoire de la CPI à refuser d’exécuter un mandat d’arrêt. En 2017, l’Afrique du Sud avait refusé d’arrêter sur son sol l’ancien président soudanais Omar el-Béchir, poursuivi pour génocide. « La CPI devrait indiquer son mécontentement dans des rapports, mais il n’existe pas réellement de moyen de contraindre la Mongolie, État souverain, à arrêter Vladimir Poutine », explique Catherine Le Bris. Dans une lettre ouverte, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a exhorté le président mongol Ukhnaa Khurelsukh à garantir l’arrestation de Vladimir Poutine.
Lundi après-midi, une poignée de manifestants ont exprimé leur mécontentement à Oulan-Bator, certains brandissant une banderole sur laquelle est inscrit « Faites partir le criminel de guerre Poutine ».