Fanfare et tapis rouge : Vladimir Poutine a été reçu en grande pompe mardi en Mongolie, pour sa première visite dans un pays membre de la Cour pénale internationale (CPI) depuis l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre, pour des suspicions de déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie.
La Mongolie, membre de la CPI, était donc tenue de l’arrêter. Mais lundi soir, à son arrivée à Oulan-Bator, le président russe a été accueilli en grande pompe par la garde d’honneur.
L’Ukraine a réagi avec colère : le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Heorhii Tykhyi, a accusé la Mongolie d’avoir « permis au criminel inculpé d’échapper à la justice, partageant ainsi la responsabilité de ses crimes de guerre ».
Son déplacement apparaît comme un acte de défiance envers la CPI, l’Ukraine en guerre, ainsi que de nombreux pays occidentaux et d’organisations de défense des droits humains qui avaient demandé son arrestation.
La Cour basée à La Haye, aux Pays-Bas, avait rappelé la semaine dernière que ses pays membres ont l’« obligation » d’interpeller les individus visés par un mandat d’arrêt. Mais, dans les faits, d’éventuelles sanctions de la part de la CPI se limitent essentiellement à une remontrance verbale.
Démocratie enclavée entre les deux pays autoritaires que sont la Russie et la Chine, la Mongolie conserve des liens étroits avec Moscou depuis la chute de l’Union soviétique en 1991. Ex-pays satellite de l’URSS, elle n’a pas condamné l’invasion russe en Ukraine et s’est abstenue lors des votes sur ce conflit à l’ONU.
Le Kremlin avait assuré la semaine dernière n’avoir « pas d’inquiétude » quant à une éventuelle arrestation du président russe en Mongolie.
En amont du voyage, le dirigeant russe avait vanté les « projets économiques et industriels prometteurs » entre les deux pays, dans un entretien avec le journal mongol Unuudur. Parmi ces projets : la construction d’un gazoduc traversant la Mongolie pour relier la Chine et la Russie.