Le plus célèbre portrait d’Arthur Rimbaud, signé Etienne Carjat en 1871, coloré au pochoir par Sonia Delaunay, en 1973.

Ecrivain et chroniqueur pour Charlie Hebdo, Yannick Haenal a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels : les romans Tiens ferme ta couronne (prix Médicis, en 2017), Jan Karski (prix Interallié, en 2009), Cercle (prix Décembre, en 2007) ; le récit Notre solitude (2021) ; l’essai Bleu Bacon (2024). Editeur chez Gallimard, il dirige la revue de littérature contemporaine Aventures.

Dans la préface d’Une saison en enfer, vous écrivez que les pages d’Alchimie du verbe ont changé votre vie. En quoi la lecture d’Arthur Rimbaud a-t-elle bouleversé votre vie et bouleverse-t-elle la vie ?

Au début des années 1980, j’étais pensionnaire dans un lycée militaire à La Flèche. Je cherchais une échappatoire. A la bibliothèque de section, je suis tombé sur une édition des œuvres de Rimbaud préfacée par Paul Claudel. Ç’a été une déflagration, une délivrance immédiate. On était en pleine new wave, et pour moi le visage de Rimbaud se superposait à celui de Ian Curtis, le chanteur de Joy Division. Cet auteur qui avait mon âge m’a prodigué instantanément, par sa séduction démoniaque, le négatif qui me manquait, le goût des « révoltes logiques ». Le soir, au dortoir, après l’extinction des feux, je lisais Les Illuminations. Une porte, ce que j’ai appelé un « liseré orange » en référence à « la fille à lèvre d’orange » d’Enfance, s’ouvrait. Dans ce lieu réglé par la routine militaire, la révolte s’est incarnée dans un interlocuteur étrange qui m’apportait la promesse d’une autre vie possible.

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