- Le Rapport sur les inégalités dans le monde 2026 est paru ce mercredi 10 décembre.
- Ce travail mené par 200 chercheurs révèle que le fossé entre les plus riches et les plus défavorisés ne cesse de se creuser.
- En parallèle, les différences de rémunération entre les hommes et les femmes peinent à se résorber.
Les riches sont de plus en plus en riches, avec un écart croissant avec le reste de la population. C’est ce que révèle la troisième édition du Rapport sur les inégalités dans le monde, paru ce mercredi 10 décembre. « Les inégalités sont depuis longtemps une caractéristique déterminante de l’économie mondiale, mais en 2025, elles ont atteint des niveaux qui exigent une attention urgente »
, alerte le document. Les 200 chercheurs qui ont planché sur ce bilan estiment que « les avantages de la mondialisation et de la croissance économique ont profité de manière disproportionnée à une petite minorité, tandis qu’une grande partie de la population mondiale continue de rencontrer des difficultés pour assurer sa subsistance ».
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Les 0,001 % les plus riches contrôlent aujourd’hui trois fois plus de richesse que la moitié de l’humanité réunie
Les 0,001 % les plus riches contrôlent aujourd’hui trois fois plus de richesse que la moitié de l’humanité réunie
Rapport sur les inégalités du monde
Concrètement, les 10 % les plus riches de la population mondiale gagnent plus que les 90 % restants, tandis que la moitié la plus pauvre de la population mondiale capte moins de 10 % du revenu mondial total. De même, ces 10 % les plus riches possèdent les trois quarts de la richesse mondiale, tandis que la moitié la plus pauvre n’en détient que 2 %. Le constat devient encore plus extrême lorsque l’on analyse les très grandes fortunes. « Les 0,001 % les plus riches, soit moins de 60.000 multimillionnaires, contrôlent aujourd’hui trois fois plus de richesse que la moitié de l’humanité réunie »
, note le rapport, qui précise que « leur part est passée de près de 4 % en 1995 à plus de 6 % aujourd’hui »
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De manière générale, « les inégalités extrêmes de richesse augmentent rapidement »
. « Depuis les années 1990, la richesse des milliardaires et des centimillionnaires a augmenté d’environ 8 % par an, soit près du double du taux de croissance enregistré par la moitié la plus pauvre de la population. Les plus pauvres ont réalisé des gains modestes, mais ceux-ci sont éclipsés par l’accumulation extraordinaire au sommet de la pyramide »
, détaillent les chercheurs.
Les femmes toujours sous-rémunérées
L’autre grand enseignement de cette nouvelle édition du Rapport sur les inégalités dans le monde est la persistance du clivage hommes-femmes. « À l’échelle mondiale, les femmes ne représentent qu’un peu plus d’un quart du revenu total du travail, une part qui n’a pratiquement pas évolué depuis 1990 »
. En y regardant de plus près, cette proportion descend à 16 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à 20 % en Asie du Sud et du Sud-Est, à 28 % en Afrique subsaharienne et à 34 % en Asie de l’Est. Pour ce qui est de l’Europe, les résultats sont meilleurs, « mais les femmes ne représentent toujours qu’environ 40 % des revenus du travail »
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Pourtant, selon le rapport, « les femmes travaillent plus d’heures que les hommes – en moyenne 53 heures par semaine contre 43 -, si l’on tient compte des tâches ménagères et des soins aux personnes »
. « Si l’on exclut le travail non rémunéré, les femmes ne gagnent que 61 % du revenu horaire des hommes ; si l’on inclut le travail non rémunéré, ce chiffre tombe à 32 % »
, expliquent encore Ricardo Gómez-Carrera et ses collègues. « Ces responsabilités disproportionnées limitent les opportunités professionnelles des femmes, restreignent leur participation à la vie politique et ralentissent l’accumulation de richesse. L’inégalité entre les sexes n’est donc pas seulement une question d’équité, mais aussi une inefficacité structurelle »
, concluent-ils.

