Ce fut l’année des élections. Plus d’un milliard d’adultes sont allés voter en 2024 – des Etats-Unis à l’Inde, notamment, en passant par le Brésil, le Royaume-Uni et les 27 pays membres de l’Union européenne. Les résultats révèlent des électorats en colère. Ils confirment une vague historique de « sortez les sortants » et corroborent un phénomène inquiétant : l’effacement du « centre » (gauche ou droite) et la montée continue des mouvements protestataires (de droite et de gauche). 2025 ne sera pas l’année du redressement démocratique.

Les optimistes diront que la tenue des élections, même dans les autocraties les plus fermées, est en soi un hommage à la démocratie. En 2024, « sur les soixante pays qui ont organisé des scrutins nationaux, trente-et-un sont des autocraties », dit, dans Le Monde (23 décembre), Staffan Ingemar Lindberg, le directeur de l’institut suédois Varieties of Democracy. Fût-il purement formel, le passage par les urnes tient lieu de brevet de légitimité à l’intérieur et sur la scène internationale.

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Là où la démocratie prenait la forme dite « illibérale » – élections relativement libres, mais séparation des pouvoirs en voie de disparition –, 2024 a apporté quelques bonnes surprises. En Inde, au Brésil, en Pologne, notamment, les électeurs ont arrêté, ralenti ou modulé la tendance de fond observée depuis 2000 : la diminution continue du nombre de démocraties au profit de la montée du modèle autocratique ou illibéral.

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Là où la démocratie libérale est profondément ancrée, souvent depuis près de deux siècles, le tableau est mitigé. L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis est en soi une atteinte à la pratique démocratique américaine. Repris de justice, condamné pour escroqueries, fraude fiscale, inculpé au titre de sa tentative de renverser par la force le résultat des élections de novembre 2020, le père du mouvement MAGA (Make America Great Again) – succédané ultranationaliste du vieux Parti républicain – n’aurait jamais été éligible en novembre 2024 sans l’émergence de pratiques contraires à l’esprit, sinon la lettre, de la Constitution : politisation de la justice, tropisme illibéral du Parti républicain, polarisation idéologique annihilant la pratique du compromis démocratique. Les Etats-Unis sont-ils sur la voie de la démocratie dite « illibérale » ? 2025 apportera un début de réponse.

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