Après bientôt un an de guerre dans la bande de Gaza, le mouvement islamiste palestinien est réduit à une guérilla.
Ses combattants sont embusqués dans des tunnels, et la plupart de ses cadres politiques tués.
Le groupe terroriste n’est cependant anéanti.
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Israël et le Hamas en guerre
« Une bataille d’usure longue » contre Israël. C’est la promesse formulée ce lundi 7 octobre par le Hamas, un an jour pour jour après son attaque sanglante le 7 octobre contre le territoire israélien qui a déclenché la guerre à Gaza. La branche armée du mouvement palestinien en a-t-elle cependant les moyens ? Au fil des mois, les frappes puis l’opération terrestre de l’État hébreu ont porté un coup à ses capacités militaires.
Avant l’attaque du 7 octobre 2023, le Hamas disposait d’environ 30.000 combattants armés. Des milliers sont morts : en août dernier, Tsahal a indiqué en avoir éliminé 17.000. Il en resterait ainsi plus de 10.000, répartis aux quatre coins de la bande de Gaza. Au total plus de 41.788 Palestiniens y ont été tués depuis le début de la guerre , en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.
S’il est difficile de savoir combien de combattants sont encore aptes au combat, une chose est certaine : le mouvement est déstructuré, plusieurs de ses chefs ayant été tués. Cependant, deux de ses plus hauts dirigeants sont toujours dans la ligne de mire d’Israël : Yahya Sinouar, considéré comme l’architecte de l’attaque du 7 octobre, et Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam. Ce dernier a plusieurs fois été annoncé mort par Israël, la dernière en août.
Yahya Sinouar, qui était le chef du Hamas pour Gaza, a, lui, été promu cet été en devenant le chef politique du mouvement, succédant à Ismaïl Haniyeh . Vivant en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie, Haniyeh a été assassiné le 31 juillet à Téhéran dans une attaque imputée à Israël.
Depuis sa promotion, Yahya Sinouar est devenu la cible numéro 1 de Tsahal. Cela ne l’empêcherait pas de poursuivre ses opérations : selon Le Figaro ce lundi, l’homme aurait confié au printemps dernier « avoir encore des armes pour huit mois« . Traqué, il n’utiliserait plus de moyens de communications électroniques, mais ses instructions écrites sont acheminées par des messagers, toujours selon le Figaro. Sinouar, qui n’a pas été vu en public depuis plus d’un an, « interagit directement avec le bureau politique et le commandement militaire« , a ajouté auprès de l’AFP un cadre du Hamas sous couvert d’anonymat. Selon ce dernier, « une équipe est dédiée à sa sécurité, car il est la cible numéro un de l’ennemi« , Israël.
Si des combattants évoluent toujours dans les rares tunnels de la bande de Gaza qui n’ont pas été détruits par Tsahal, les institutions du gouvernement du Hamas sont, elles, à genoux. La plupart des bâtiments officiels ont été endommagés ou détruits. De rares services subsistent dans la bande de Gaza : une quinzaine d’hôpitaux, des ambulances brinquebalantes, des tribunaux improvisés pour les actes officiels. Les écoles, la centrale électrique, les stations d’eau ou les commissariats ont cessé de fonctionner. À la mi-2024, l’économie de Gaza était réduite à « moins d’un sixième de son niveau de 2022« , selon l’ONU qui estime qu’il faudra « des dizaines d’années » pour que le territoire revienne à l’avant-7 octobre.
Même s’il est à terre, le Hamas semble avoir encore des ressources. L’armée israélienne a dit dimanche « encercler » la zone de Jabaliya, dans le nord de Gaza, estimant que le Hamas palestinien y reconstruit ses capacités, malgré des mois de combats et bombardements. Selon le dernier sondage en date du Centre palestinien de recherche en politique et en sondages en juin, 67% des personnes interrogées dans l’ensemble des territoires palestiniens (bande et de Gaza, Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est) croient à une victoire du Hamas contre Israël. À Gaza, ils sont seulement 48%.