Il y a 80 ans, le 2 février 1945, la ville de Colmar était la dernière ville française à être libérée de l’Allemagne nazie.
Ce dimanche matin, une parade militaire a eu lieu en présence d’Emmanuel Macron.
À cette occasion, le récit d’un des témoins de ces événements a refait surface.
Suivez la couverture complète
Le WE
Alain Jacquet, bénévole chez Emmaüs à Longjumeau (Essonne), se souvient comme si c’était hier de ce matin de novembre 2018. En ouvrant un carton, déposé par un anonyme, il trouve un carnet. En l’ouvrant, le récit l’interpelle : « Les cloches de l’église Saint-Pierre ont été prises ce matin par les Allemands (…) Beaucoup de civils aspirent maintenant à l’évacuation », peut-il lire notamment. Alain comprend qu’il tient dans les mains un témoignage unique de la Première Guerre mondiale.
Un postier, Achille Bourgin, décrit son quotidien. Celui d’un homme caché dans le grenier de ses parents pour éviter les travaux forcés, car sa ville, Douai, est occupée par les Allemands. « C’est vraiment quelque chose de vécu. On voit que la personne qui a écrit ça, elle y mettait tout son cœur. C’était très beau », raconte-t-il dans le reportage ci-dessus.
On est ébahis par la qualité de l’écriture, la finesse de la graphie et par la précision que l’auteur a apportée dans son récit.
On est ébahis par la qualité de l’écriture, la finesse de la graphie et par la précision que l’auteur a apportée dans son récit.
Ophélie Gérard, directrice des Archives municipales de Douai
L’existence de ces carnets arrive aux oreilles des archivistes de Douai. La ville veut absolument récupérer ces écrits. Conservés précieusement à l’abri des regards, ils ont exceptionnellement accepté de les montrer aux journalistes de TF1. « Voilà le fameux fond Achille Bourgin dont nous avons récupéré les 9 carnets en 2019. Il y a des cartes, il y a des dessins, il a fait quelques caricatures », détaille Ophélie Gérard, la directrice des Archives municipales de Douai. Neuf carnets dans lesquels Achille documente les pénuries alimentaires, les réquisitions des Allemands.
Il y décrit ce qu’il voit depuis la petite fenêtre de son grenier, ce qu’il entend. « Durant près d’une heure, une pièce allemande à longue portée se mit à tirer chaque cinq minutes. Toutes les maisons tremblaient de la base au fait », témoigne-t-il. Mais aussi ce que lui rapportent ses parents de leur sortie en ville. « J’emprunte aux mémoires de mon père la scène suivante : à 18h15 est passé un convoi de 52 prisonniers anglais. Un de ceux qui les escortaient s’affaissa comme une masse », écrit-il. « On est ébahis par la qualité de l’écriture, la finesse de la graphie et par la précision que l’auteur a apportée dans son récit », ajoute Ophélie Gérard.
Anne-Marie Vergelin est la petite-fille d’Achille. Elle ne connaissait pas l’existence de ces carnets, car de son vivant, il n’avait jamais parlé de ses écrits à ses descendants. « Je ne connaissais pas sa vie. C’était plutôt quelqu’un d’assez taciturne, un peu taiseux », explique-t-elle.
Cent ans plus tard, Achille ne saura jamais toutes les émotions que ses écrits ont fait ressentir à sa famille, à ses lecteurs. Pour lui, et c’est comme cela qu’il conclut ses carnets, il aura simplement fait ce qu’il crut être son devoir.