LETTRE DE BUCAREST

A Bucarest, le 18 mars 2023.

En cette fin novembre, cela fait quatre jours que Bogdan Orodel, 31 ans, n’a plus d’eau chaude ni de chauffage dans son appartement de deux pièces, au 6ᵉ étage d’un immeuble construit sous le régime communiste. Pour se laver, il remplit une grande casserole d’eau qu’il chauffe sur la plaque de gaz, avant de verser le tout dans une large bassine verte. A Bucarest, chacun y va de ses techniques : bouilloire, achat d’un chauffe-eau ou même brûleurs constamment allumés pour chauffer la pièce.

D’ailleurs, cet article est rédigé pendant une coupure à la suite d’un problème sur une canalisation. Par chance, la voisine a une chaudière individuelle au gaz, et une salle de sport n’est jamais loin en cas de dernier recours. Ces salles en profitent, car nombreux sont les Bucarestois qui y prennent un abonnement − s’ils peuvent se le permettre − pour avoir accès à une douche chaude.

Avec ses 1 000 kilomètres de canalisations primaires, qui partent de quatre centrales thermiques alimentées au gaz, ainsi que ses 2 800 kilomètres de tuyaux secondaires, le réseau de chauffage urbain de Bucarest est le deuxième plus grand d’Europe, après celui de Moscou. Ce système centralisé dessert plus de la moitié des quelque 2 millions d’habitants, ainsi que des entreprises et des institutions publiques. Mais ces canalisations vieillissent. Certaines n’ont pas été changées depuis le début de la construction du réseau, dans les années 1960 : l’eau fuit − jusqu’à 2 400 tonnes sont perdues par heure − et les tuyaux se fissurent régulièrement.

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