A la manifestation contre le projet de centre d’enfouissement des déchets nucléaires hautement radioactifs à Bure (Meuse), le 20 septembre 2025.

De 700 (selon la préfecture) à 2 000 (selon les organisateurs) personnes ont manifesté samedi 20 septembre à Bure, dans la Meuse, sous haute surveillance policière, contre le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires hautement radioactifs.

Les participants ont défilé au son des tambours et sous le vrombissement des hélicoptères de gendarmerie qui surveillaient la zone. Certains étaient venus de d’Allemagne et d’Italie, et des autocars avaient été spécialement affrétés de l’Alsace, Paris, Lyon, Nantes ou la Suisse.

Dans le cortège principal, les banderoles et bannières portaient l’effigie du réseau Sortir du nucléaire, de La France insoumise, des Ecologistes, du Nouveau Parti anticapitaliste, ou encore de la Confédération paysanne ou du syndicat Solidaires. Les députées Sandrine Rousseau (groupe Les Ecologistes) et Mathilde Panot (La France insoumise) étaient présentes.

« Résistance et sabotage. Andra, dégage », ont scandé les manifestants, en référence à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui porte le projet.

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L’Etat veut « imposer un projet destructeur et dangereux », qui engendre aussi l’« accaparement de terres et de forêts par l’Andra » sur lesquelles « on pourrait installer des paysans », a déploré un représentant de la Confédération paysanne lors d’une conférence de presse, avant le départ du cortège. Cette lutte « est vitale et nécessaire pour préserver [l’]environnement et la population », a souligné de son côté Pauline Goyer, de Greenpeace.

Projet Cigéo contesté depuis des décennies

Le parcours de 7 kilomètres de cette « manif du futur » – selon le terme des organisateurs – avait été validé par la préfecture, mais cette dernière avait décrété des « zones d’exclusion » interdites aux manifestants, notamment les abords du laboratoire de l’Andra.

En plus des 700 participants au cortège autorisé, la préfecture a dénombré quelque 200 militants black bloc, vêtus de noir et le visage dissimulé. Ils ont progressé sur une route différente de celle du cortège autorisé, a constaté l’Agence France-Presse. Certains ont lancé des projectiles en direction des gendarmes, qui ont répliqué avec du gaz lacrymogène.

Avant la manifestation, le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, avait évoqué dans la presse locale sa crainte de débordements de la part de « manifestants radicalisés ». « A l’évidence, les organisateurs locaux n’ont pas la main », avait-il dit au quotidien L’Est Républicain.

Des « armes et matériels dangereux » ont été découverts dans les contrôles pratiqués sur les manifestants, a signalé la gendarmerie nationale sur X, en publiant des photos de spray au poivre et de sabre japonais. « Aucune cause ne peut excuser l’utilisation d’armes dans une manifestation », a commenté à ce propos, également sur X, le ministre démissionnaire de l’intérieur, Bruno Retailleau.

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Le projet Cigéo, lancé en 1991 et contesté depuis des décennies, prévoit l’enfouissement à Bure à partir de 2050 des déchets nucléaires les plus dangereux pour des centaines de milliers d’années.

Après l’achèvement en juillet des expertises techniques nécessaires, d’autres étapes sont attendues avant le décret autorisant formellement la création de Cigéo et donc les travaux, annoncés pour la fin de 2027 et le début de 2028.

En Meuse, une procédure d’expropriation est toujours en cours. L’Andra doit encore acquérir 13 hectares sur les 665 nécessaires, ainsi que 65 hectares de tréfonds pour les installations souterraines. Les militants installés dans l’ancienne gare de Lunéville, haut lieu de la lutte contre le projet, sont expulsables à partir du 11 octobre, selon eux.

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Le Monde avec AFP

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