Pour accéder à la villa Foscari, il faut remonter la via dei Turisti, un chemin dont le nom rend hommage aux visiteurs qui l’arpentent quotidiennement, dans le calme de l’arrière-pays vénitien, à Mira. Après avoir traversé un petit jardin, dont les saules caressent le canal de la Brenta, reliant Padoue à la lagune, on découvre une façade étrangement familière. Devant le fronton, que soutiennent dix colonnes sur un large socle entouré par deux escaliers, ce sentiment de déjà-vu nous poursuit.

Des amuse-bouches ont été disposés sur une table, à l’ombre de la colonnade. Voici le maître des lieux, Antonio Foscari, 86 ans. Il s’excuse de son léger retard, tandis que l’employée de maison, Rosanna Pavan, s’affaire avec dévouement. « Cela paraît banal aujourd’hui, mais, avant la villa Foscari, au XVIe siècle, personne n’avait osé ériger un portique sur une habitation privée, souligne le professeur d’architecture, à propos de ce type de passage situé à l’entrée d’un bâtiment, que les Anciens agrémentaient de colonnes et d’un fronton. Seuls les édifices sacrés en disposaient. » On en trouve désormais sur de nombreuses résidences officielles, de la Maison Blanche au palais de l’Elysée : il faut croire, à écouter l’éminent Vénitien, que sa villa a donné le « la ».

Les Foscari faisaient partie des familles patriciennes qui se partageaient le pouvoir au sein de la République de Venise. A la Sérénissime, ils ont donné un doge, au XVe siècle, et plusieurs palais, dont l’un abrite, aujourd’hui encore une université. C’est pour célébrer leur grandeur que l’illustre architecte Andrea Palladio (1508-1580) érigea, entre 1554 et 1557, cette propriété aux lignes pures et symétriques, conformes au style néoclassique, dont il fut le premier promoteur.

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