Derrière le panneau indiquant Marota City, à l’entrée sud-ouest de Damas, un immense terrain vague s’étire, parsemé ici et là de tours de béton nu. Des ouvriers s’échinent sous la chaleur étouffante de l’été damascène pour donner forme à cette ville imaginée par l’ancien dictateur Bachar Al-Assad à l’image des luxueuses cités du Golfe. Du haut d’un monticule de terre, Mohamed Al-Rafiye désigne le périmètre dans lequel se trouvaient jadis sa villa de 250 mètres carrés et celles de ses trois frères. L’entrepreneur de 59 ans n’a pas eu son mot à dire lorsque les bulldozers les ont détruites en 2017. Poursuivi devant une cour antiterroriste pour soutien à la révolution, il avait fui le pays quatre ans plus tôt.

« Le terrain appartient depuis au gouvernorat de Damas. Il l’avait mis aux enchères publiques mais personne ne l’a acheté. J’ai les titres de propriété », dit l’homme. Rentré au pays avec son épouse et ses deux enfants à la chute d’Al-Assad, en décembre 2024, il a été contraint de prendre une location. « Mes frères et sœurs veulent eux aussi rentrer en Syrie mais ils n’ont pas les moyens de louer. On veut récupérer notre terrain et obtenir des compensations pour les maisons détruites », réclame l’entrepreneur.

La chute de l’ancien dictateur n’a pas sonné le glas du projet de Marota City, au grand dam des habitants des quartiers de Basateen Al-Mazzé et de Khalaf Al-Razi, qui ont créé l’Association pour l’abolition du décret n° 66. Dans le cadre de ce décret, promulgué en 2012 pour encadrer la régénération des quartiers informels entourant la capitale, ces deux zones construites au milieu des vergers de Kfar Sousah avaient été condamnées à la destruction pour faire place, sur 900 hectares, aux zones immobilières de Marota City et de Basilia City.

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