Les yeux trempés de larmes, Ahmed, 10 ans, remue la tête comme s’il fuyait la douleur. Allongé sur un brancard, dans la salle des urgences de l’hôpital national de Deir ez-Zor (est de la Syrie), mardi 29 avril, l’enfant attend silencieusement que les médecins terminent de bander son bras droit. Le sang coule encore. Ses vêtements tachés laissent apparaître sa peau, constellée de plaies. A la recherche d’un peu de réconfort, son regard s’échappe vers les visages familiers de ses proches. La poche de morphine suspendue au-dessus de lui atténue son supplice mais ne peut effacer le traumatisme qu’il vient de subir.

Une heure plus tôt, le jeune garçon a brutalement quitté le monde insouciant de l’enfance lorsqu’il a ramassé une munition non explosée, dans le jardin de la maison familiale, quelques kilomètres par-delà l’Euphrate. La détonation lui a arraché la main droite. A son arrivée à l’hôpital, les médecins n’ont eu d’autre choix que de l’amputer. Il doit maintenant subir une opération urgente pour retirer deux éclats venus se loger dans son corps. Une infirmière finit de poser une compresse sur son œil avant de l’emmener au bloc. Alors qu’il disparaît derrière des portes battantes, le personnel médical s’attelle à nettoyer le sol carrelé, en prévision de l’arrivée de nouveaux patients.

La guerre en Syrie est terminée, mais ses métastases charrient chaque jour de nouvelles victimes. Quatorze années de conflit ont laissé d’innombrables munitions non explosées, en plus des nombreuses mines et pièges posés par les différents belligérants. Depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad, le 8 décembre 2024, 635 personnes ont été blessées ou tuées par des reliques de la guerre, selon l’Organisation internationale pour la sécurité des ONG (INSO).

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