Quatre hommes sont assis, droits sur leurs chaises, dans le bureau du conseil de réconciliation de Douma, dans la Ghouta orientale, en banlieue de Damas. Cette instance informelle, ouverte en mars, s’efforce de régler les contentieux hérités de la guerre civile, entre habitants de cette ville qui fut un bastion du soulèvement anti-Al-Assad.
Des voix s’élèvent dans une salle voisine. Deux voisins s’écharpent au sujet d’un chemin que l’un demande à l’autre de construire sur son terrain pour pouvoir connecter sa maison à la route. Mais, dans le bureau où reçoit le président du conseil, Nizar Al-Samadi, le ton est encore mesuré. Un homme, la vingtaine, se lamente que son frère soit emprisonné depuis un mois à la suite de plaintes portées contre lui.

Le quadragénaire assis à ses côtés, à l’origine de la procédure, se défend. « Il travaillait pour la police militaire et moi, je travaillais avec un bureau de hawala [transfert d’argent informel]. En mai 2024, il m’a tendu un piège alors que j’étais venu lui remettre de l’argent. La police militaire m’a arrêté et l’a laissé partir. J’ai été emprisonné huit mois. J’ai été libéré à la chute du régime d’Al-Assad par les combattants de Deraa », qui ont été les premiers à entrer dans Damas, le 8 décembre 2024, explique-t-il. L’homme accuse la police militaire de l’ancien régime de lui avoir dérobé les 10 000 dollars (9 100 euros) de la hawala, ainsi que des affaires à son domicile.
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