Le mouvement de désaffection semble lourd, irrépressible. Dans la parole politique comme dans les enquêtes d’opinion, la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique reculent comme jamais au cours des dernières années, voire disparaissent, des préoccupations d’un nombre croissant de courants politiques – des formations centristes aux droites extrêmes.
Mes collègues Audrey Garric et Matthieu Goar donnent dans leur article sur les marches pour le climat, organisées fin septembre partout dans le monde, un aperçu saisissant de cette tendance. L’affluence des manifestants s’est écroulée depuis les grands rassemblements de 2019, au point que le mouvement en tant que tel semble avoir disparu. D’abord fauché par le Covid-19, puis débordé par d’autres urgences : la montée du fascisme, la menace d’un conflit avec la Russie, l’incertitude économique, la destruction de Gaza par l’armée israélienne et la mise au supplice de sa population.
De fait, quel sens peut-il y avoir à alerter sur les périls du réchauffement, lorsque l’actualité nous met sous les yeux des situations d’insoutenables souffrances, que le pire des cataclysmes environnementaux serait bien en mal de provoquer ?
En France, les sondages se suivent et semblent tous pointer dans la même direction. Une enquête de l’IFOP, publiée fin août, ne place la « protection de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique » qu’en 16e position des préoccupations des sondés. Mi-septembre, une autre étude d’Ipsos ne faisait apparaître l’enjeu environnemental qu’à la 7e place, sur les 10 thématiques proposées. Par rapport aux enquêtes comparables conduites dans le proche passé, la chute est abrupte.

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