
Entre Ukraine, Russie, Géorgie et Moldavie, l’histoire de Nikolaï Lopata est au cœur d’un imbroglio politique qui, ces derniers jours, vire au drame humanitaire. Quelque 90 hommes et femmes comme lui, pour la plupart d’ex-prisonniers de droit commun ukrainiens, des civils détenus en Russie avant la guerre ou déplacés depuis les territoires occupés, désormais libérés de prison et reconduits à la frontière, sont bloqués depuis plusieurs semaines dans un sous-sol insalubre de la zone transfrontalière russo-géorgienne. Ils attendent un accord entre l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie pour permettre leur sortie de Russie. « Nous écrivons, nous appelons à l’aide. Mais rien ne se passe », s’inquiète M. Lopata, 47 ans, joint par téléphone au poste douanier de Verkhni Lars, du côté géorgien, dans la zone neutre avec la Russie. Il se tient en haut de l’escalier, seul espace captant les réseaux de téléphonie.
Sa vie, depuis le 1er juillet, se trouve 28 marches plus bas, comme pris au piège d’une situation politique et bureaucratique qui le dépasse. « Nous survivons ici, tassés sur 60 mètres carrés, avec un matelas pour deux. A tour de rôle, nous essayons de dormir, mais c’est difficile. Il n’y a pas de fenêtre, pas de ventilation. On est envahi par l’humidité. On étouffe », raconte M. Lopata, voix claire malgré l’épuisement. Cet Ukrainien, qui dès 2005 avait déménagé en Russie pour fonder une famille avec une femme russe, purgeait depuis 2010, dans une prison du grand nord de la Russie, une peine de quatorze ans pour un meurtre commis à Saint-Pétersbourg.
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