Sur la veste de Marie-Cécile Ploy, un pin’s représente deux cœurs entremêlés, un blanc et un rouge, symbole de la lutte contre l’antibiorésistance : assemblés, ils forment des gélules d’antibiotiques. A l’approche de la Journée mondiale de prévention de l’antibiorésistance, le 18 novembre, la directrice du laboratoire Resinfit de l’université de Limoges a encore en tête les témoignages qu’elle a entendus à l’ONU, à New York, quelques jours auparavant. Ceux de femmes et d’hommes dont les blessures, parfois bénignes, ont causé des infections qui auraient pu se révéler mortelles. En cause : la résistance des bactéries aux antibiotiques qui leur ont été administrés. Ils sont venus témoigner en tant que survivants d’une épidémie silencieuse, responsable de 1,3 million de décès chaque année dans le monde.

Marie-Cécile Ploy, cheffe du service de bactériologie, virologie et hygiène du CHU de Limoges, le 4 octobre 2024.

A l’issue de cette réunion sur la résistance aux antibiotiques, les Etats membres de l’ONU ont adopté une déclaration politique et 48 actions. Avec l’objectif de renforcer la lutte contre l’antibiorésistance, autour des enjeux des santés humaine, animale et environnementale, étroitement liées.

« Une seule santé »

Véritable révolution dans les années 1940, largement diffusés dans les années 1970, les antibiotiques ont permis un contrôle des infections bactériennes. Mais leur utilisation massive a aussi favorisé le développement de l’antibiorésistance, soit la résistance de certaines bactéries à ces médicaments. Et si le recours aux antibiotiques a baissé de façon significative durant la crise due au Covid-19, le retour précoce des épidémies saisonnières courantes après la pandémie a conduit à une augmentation de 14 % de la consommation de ces produits depuis 2022.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Face à la résistance aux antibiotiques, la France présente une évolution contrastée

L’approche « One Health » ou « Une seule santé, une seule planète » promue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2015 fait partie des préconisations pour lutter contre l’antibiorésistance. « One Health, ça signifie que l’homme n’existe pas seul, mais avec son environnement », résume Marie-Cécile Ploy. Les interactions entre l’humain, l’animal et l’environnement sont au cœur des travaux de son unité de recherche, labellisée Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) depuis 2012. Objectif : « Comprendre comment les bactéries acquièrent une résistance aux traitements, des mécanismes d’acquisition jusqu’au développement des diagnostics et des suivis thérapeutiques », explique-t-elle.

Il vous reste 64.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version