Ursula von der Leyen et Donald Trump en janvier 2020, au Forum économique de Davos.

Pour le président américain, il y a « une chance sur deux » que ces discussions aboutissent. Depuis l’Ecosse, où il se trouve pour une visite de cinq jours, Donald Trump négocie avec la cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dimanche 27 juillet, pour tenter d’arracher un accord douanier entre les Etats-Unis et l’Union européenne (UE).

Une tentative de la dernière chance, à l’approche de l’échéance fixée par le républicain de 79 ans, lancé dans une vaste offensive protectionniste. Ce dernier a donné une chance aux discussions jusqu’au 1ᵉʳ août avant d’assommer les produits européens entrant aux Etats-Unis. Toute entente qui serait trouvée entre les deux dirigeants devra ensuite être validée par les Etats membres de l’UE.

Les diplomates qui représentent les Vingt-Sept, en déplacement au Groenland, doivent se concerter dimanche soir ou lundi, en cas de fumée blanche à Turnberry. C’est dans cette tranquille localité de la côte ouest de l’Ecosse, où la famille Trump possède un luxueux complexe de golf, que le président américain et la présidente de la Commission européenne se sont retrouvés dimanche, à 16 h 30 (17 h 30, heure de Paris), selon la Maison Blanche.

Juste avant d’entamer ces discussions cruciales, Donald Trump a affirmé que l’UE ne bénéficiera pas de droits de douane inférieurs à 15 % pour ses exportations vers les Etats-Unis. « Non », a répondu le président américain, interrogé sur cette éventualité par des journalistes lors d’un bref échange avec la presse en présence de la dirigeante européenne avant leur entretien. Il a également affirmé que les produits pharmaceutiques « ne feront pas partie » de l’accord.

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Risque d’escalade en cas d’échec

« Nous avons une chance sur deux » de trouver un accord, avait lancé Donald Trump vendredi à son arrivée en Ecosse, d’où il repartira mardi après un séjour mi-privé mi-diplomatique. Selon le Financial Times, des discussions tendues ont déjà eu lieu entre les Etats-Unis et l’UE samedi soir sur l’acier, l’automobile et les produits pharmaceutiques.

Avant sa rencontre avec la dirigeante européenne, Donald Trump s’est de nouveau accordé du temps, dimanche matin, pour une partie de golf. Le président américain a assuré être « impatient » de s’entretenir avec Ursula von der Leyen, une « femme très respectée ». Ce ton aimable tranche avec les invectives dont le républicain accable l’UE, selon lui créée dans le but d’« arnaquer » les Etats-Unis.

D’après plusieurs sources européennes, le texte en discussion prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des Etats-Unis, avec des exemptions sur l’aéronautique ou les spiritueux – mais pas sur le vin. Un tel résultat confirmerait que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d’un protectionnisme américain décomplexé. Jusqu’au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains bien moins élevés, de 4,8 % en moyenne.

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Dans les faits, le taux effectif appliqué par les Etats-Unis aux marchandises européennes se monte donc déjà actuellement à près de 15 %, si l’on additionne la surtaxe de 10 % d’ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % préexistant. L’UE est actuellement soumise à une taxe de 25 % sur les voitures, de 50 % sur l’acier et l’aluminium, ainsi qu’à des droits de douane généraux de 10 %. Mais un accord aurait le mérite de lever l’incertitude, ce redoutable poison en matière commerciale.

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Si Ursula von der Leyen et Donald Trump ne parvenaient pas à s’entendre, Bruxelles assure être prêt à riposter en taxant des produits et des services américains. L’exécutif européen, sous l’impulsion de certains pays comme la France, pourrait aussi geler l’accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements. Elle a validé jeudi des représailles à hauteur de 93 milliards d’euros, qui s’appliqueraient aux Etats-Unis dès le 7 août, en cas d’échec. Dégainer ce « bazooka » entraînerait une escalade diplomatico-économique inouïe.

Le secrétaire au commerce américain, Howard Lutnick a déclaré dimanche sur Fox News qu’il n’y aurait « pas d’extension, pas de délai supplémentaire » à la pause des droits de douane voulus par Donald Trump qui arrive à échéance le 1ᵉʳ août. Soulignant toutefois que les partenaires commerciaux des Etats-Unis pourront « continuer d’échanger avec le président Trump après » cette date.

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Le spectre de l’affaire Epstein

Donald Trump, ancien promoteur immobilier qui a écrit un livre à succès sur « l’art du deal », affirme être en position de force. Mais certains sondages montrent que les Américains doutent de sa stratégie douanière et de sa conduite des affaires en général.

Le milliardaire new-yorkais, qui s’est toujours joué des scandales et des poursuites pénales, peine, dans le même temps, à se dépêtrer de l’affaire Jeffrey Epstein. Il est accusé de manquer de transparence sur les relations qu’il entretenait avec ce riche financier, mort en prison avant d’être jugé pour crimes sexuels, procès qui s’annonçait retentissant.

Faire état d’un accord avec l’UE, en promettant des retombées pharaoniques sur l’économie américaine, et dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l’Indonésie, pourrait être une diversion bienvenue.

Lundi, c’est avec la Chine que des négociateurs américains s’efforceront, au cours d’une rencontre à Stockholm, d’éviter une reprise de l’escalade commerciale.

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Le Monde avec AFP

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