Le problème avec la Tétralogie, c’est que lorsque L’Or du Rhin a été mal emmanché (ce qui fut le cas en janvier), les trois « journées » du festival scénique wagnérien qui suivent – La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des dieux – risquent de l’être aussi. Force est de reconnaître que le metteur en scène Calixto Bieito a réussi, sinon à redresser la barre, du moins à ne pas la distordre davantage, à en croire La Walkyrie présentée jusqu’au 30 novembre à l’Opéra Bastille, à Paris.
Envahi par une immense structure grillagée, à l’instar du panneau d’une unité centrale d’ordinateur, l’espace du plateau tout entier s’inscrit dans une géométrie verticale de cellules traversées de poutres, rambardes et praticables. Le dispositif, imposant, sert également à la projection d’images captées en direct. Ainsi le « Prélude » qui fait vibrionner en mode techno-survivaliste une armada d’écrans confettis reliés à des caméras de surveillance.
Dans ce monde déshumanisé, Siegmund et Sieglinde se rencontreront dans l’appartement dévasté de Hunding (deuxième étage droite), avant de s’aimer sur un matelas crasseux sur le proscenium (l’avant-scène), cependant que Wotan ne quittera sa cellule de crise (rez-de-chaussée gauche) que pour poursuivre Brünnhilde, la désobéissante Walkyrie, passée du cheval à balai de l’enfance en robe à crinoline bleue à une noire tenue commando, dans un no man’s land disloqué. Le décor s’est fragmenté en plusieurs blocs dans un monde extérieur toujours aussi hostile et dangereux, qui nécessite gants, capes et masques de protection.
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