
Bientôt sept ans que « Maria » (son prénom d’emprunt dans les médias) espérait que quelque chose bouge enfin. Le 8 décembre 2018, le centre-ville de Marseille est en proie à des violences décrites comme quasi insurrectionnelles, à l’issue de manifestations des « gilets jaunes ». Cette vendeuse, alors âgée de 19 ans, est victime d’un tir de LBD dans la cuisse alors qu’elle sort du travail, n’a participé à aucune manifestation et se trouve à l’angle des rues Saint-Ferréol et de la Glace, une zone épargnée par les troubles. Après sa chute au sol un groupe de policiers – entre douze et quinze, rapporte un témoin – la frappe à coups de pied et de matraque. L’image de son crâne, enfoncé, zébré de deux énormes cicatrices recousues, a choqué tout autant que cet épisode de violences injustifiées.
Six policiers intervenant ce soir-là ont été mis en examen, jeudi 2 et vendredi 3 octobre, par la juge en charge d’une instruction ouverte pour « non-assistance à personne en danger » et « violences aggravées » par trois circonstances (en réunion, par personne dépositaire de l’autorité publique et avec usage d’une arme). Tous le sont uniquement pour non-assistance, même si l’un d’eux s’est vu notifier une mise en examen supplémentaire pour « violences sans interruption totale de travail par dépositaire de l’autorité publique », car soupçonné d’être le fonctionnaire qu’on voit, sur les vidéos, plaquer contre un mur le compagnon de Maria. Dans cette première phase d’une enquête relancée par une nouvelle équipe de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), aucune mise en examen n’est cependant prononcée pour les violences exercées sur Maria.
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