L’école de Vahibée (Mayotte), après le passage du cyclone Chido, le 20 décembre 2024.

Archimède Houmadi a l’air un peu perdu. Dans son tee-shirt rouge trop grand et poussiéreux, il se promène à travers la cour du collège Nelson-Mandela de Doujani, au sud de Mamoudzou. De sa voix fluette, l’adolescent de 13 ans rapporte que son banga, sa case en tôle, a été détruit par le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte le 14 décembre. Depuis, il dort dans la classe d’arts plastiques de son collège. La nuit, « ma mère reste dehors, dit-il, pour surveiller les tôles de la maison » et éviter qu’on ne lui dérobe ce qui lui permettra d’abriter à nouveau ses enfants. Elle en a sept. Archimède fait partie des milliers de sinistrés aujourd’hui mis à l’abri dans des établissements scolaires de l’archipel de l’océan Indien, dont le bâti a pourtant été largement endommagé. L’état de dévastation dans lequel Chido a enfoncé Mayotte fait l’effet d’une poignée de sel jetée sur une plaie à vif.

Ce département – le plus pauvre de France et parmi les plus densément peuplés – était déjà en proie à de multiples « crises ». L’insécurité, le manque d’eau, la pénurie de logement, la gestion des flux migratoires venus des Comores… Aujourd’hui, le cyclone et ses conséquences mettent notamment en tension extrême un système éducatif déjà exsangue, qui peine à scolariser tous les enfants de l’archipel (plus de la moitié de la population n’a pas 18 ans), manque de salles de classe, est régulièrement confronté à des phénomènes de violence et accueille pour moitié environ une population sans papiers.

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