Dans une rue silencieuse d’une ancienne périphérie ouvrière de Milan, Marina Boer, 74 ans, longe des murs recouverts de fresques aux motifs politiques. Autrefois familiers, ils délimitent l’enceinte d’une zone qui lui est désormais interdite. Son regard glisse sans trop s’attarder, malgré un soupçon d’inquiétude, sur le fourgon de police garé à l’angle où des agents s’ennuient. « Le gouvernement n’avait pas besoin de faire quelque chose d’aussi brutal… Ils veulent effacer ce que nous avons représenté à Milan et dans toute l’Italie : l’antifascisme, l’autogestion, la culture alternative… », dénonce la retraitée.

Derrière les parois de ciment aveugles, se trouvait autrefois un endroit à part où elle donnait sans compter son temps et son énergie militante, un point de repère culturel majeur de la gauche milanaise et italienne, le centre social Leoncavallo, fermé par les autorités le 21 août à l’aube. Environ 200 membres des forces de l’ordre avaient été déployés pour évacuer un lieu alors vide.

Depuis sa création en 1975, d’occupations illégales en expulsions, le Leoncavallo a ressurgi plusieurs fois de ses cendres. Mais ses membres ne pourront pas fêter, en octobre, le cinquantième anniversaire de ce qui fut l’île mère de l’archipel italien des centri sociali, ces lieux autogérés où a été conservée jusqu’à nos jours la culture politique des révolutionnaires vaincus des années 1970.

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