Une femme a été condamnée à trente mois de prison dont un ferme pour dénonciation de délit imaginaire et dégradation en raison de la religion, a précisé, vendredi 16 mai, le parquet de Paris. En plus de la peine de prison, Nancy S., 51 ans, a notamment interdiction de paraître à l’adresse où les faits ont été commis, dans le 11e arrondissement, pendant la durée de son sursis probatoire de deux ans.

Son avocat a annoncé faire appel de cette condamnation. « Je suis déçu que le tribunal n’ait pas tenu compte des éléments de doute qui ont émergé pendant l’audience sur le commencement de cette affaire », a expliqué Me Philippe Sarda à l’Agence France-Presse (AFP), précisant que pendant le procès sa cliente avait accusé sa fille adoptive d’être à l’origine des tags.

L’affaire a démarré à l’automne 2024 quand Nancy S. a déposé plusieurs plaintes au commissariat du 11e arrondissement, dénonçant des tags antisémites dans les parties communes du bâtiment à dix reprises entre le 19 septembre et le 24 octobre 2024. Selon BFM-TV et Le Parisien à l’époque, des croix gammées et des messages menaçants comme « Mort aux juifs » avaient été gravés sur la porte de son habitation.

Dans ses plaintes, elle expliquait « vivre à l’adresse où avait été tuée Mireille Knoll, le 23 mars 2018 », une octogénaire qui avait échappé à la rafle du Vel d’Hiv et avait été poignardée en mars 2018 par un voisin. Ce dernier a été condamné en novembre 2021 à la réclusion criminelle à perpétuité, dont vingt-deux ans de sûreté, pour ce meurtre dont le caractère antisémite a été reconnu.

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Nancy S. et sa fille dégradaient elles-mêmes les parties communes

Le parquet de Paris avait alors ouvert une enquête en octobre pour dégradations en raison de la religion, confiée au commissariat du 11e arrondissement. Mais les investigations « et notamment l’exploitation de toutes les caméras avoisinantes n’[ont] pas permis d’identifier d’intrus susceptibles d’être entré [afin de] commettre ces dégradations », ajoute le ministère public. Une caméra installée le 2 décembre dans le hall d’immeuble n’a pas permis non plus de confondre de suspect éventuel.

Le 20 décembre, Nancy S. a de nouveau déposé plainte, affirmant avoir reçu un courrier antisémite. Les vérifications ont alors permis de l’identifier « elle-même comme ayant acquis le timbre apposé sur ce courrier », selon le parquet.

Un nouveau dispositif de captation d’images, installé cette fois dans l’ascenseur de l’immeuble, avait ensuite permis de l’identifier, ainsi que sa fille, alors qu’elles dégradaient elles-mêmes les parties communes. Après sa garde à vue, la jeune fille âgée de 17 ans n’avait pas été poursuivie. Elle a depuis été placée.

Cette affaire est survenue alors que les actes antisémites n’ont eu de cesse de croître ces deux dernières années. En 2024, un total de 1 570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l’intérieur. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avait déploré en janvier un niveau « historique » de ces actes pour la deuxième année d’affilée, après une « explosion » consécutive aux attaques perpétrées le 7 octobre 2023 par le Hamas en Israël.

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Le Monde avec AFP

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