Aux États-Unis, face à l’explosion de la délinquance et de la violence dans les grandes villes, certains quartiers ont décidé de s’organiser.
À Chicago, les résidents les plus aisés de la ville ont décidé de faire appel à des polices privées.
Dans la mégalopole de l’Illinois, la délinquance a en effet augmenté de 41% en un an.

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LE WE 20H

La première chose que Rick Marty fait lorsqu’il entame sa patrouille de huit heures : allumer ses lumières pour prévenir les habitants du quartier qu’ils peuvent désormais compter sur lui. Des lumières vertes, pas un gyrophare rouge et bleu. Car si Rick est un retraité des forces de l’ordre, il ne doit pas être pris pour un policier. Il est agent de sécurité privé. Il dispose pourtant du même équipement que dans n’importe quel véhicule de police : caméra, radio et même pistolet à la ceinture. 

« Nous n’avons pas le droit de procéder à une arrestation, précise-t-il toutefois dans le reportage en tête de cet article. Notre fonction première en patrouille, c’est d’observer, d’alerter. Mais en cas de danger de mort, nous sommes formés pour intervenir. C’est pour ça que nous portons une arme ». 

Car les soirées peuvent être particulièrement mouvementées pour les agents de sécurité comme Rick Marty. Il y a quelques semaines, trois hommes armés ont tenté de voler la voiture d’une jeune femme du quartier, sans succès. La victime a alors appelé la patrouille de service. L’agent de sécurité a retrouvé les agresseurs et a alerté la police, sans intervenir. Car ce sont les forces de l’ordre qui viendront interpeller les malfaiteurs. « On n’est pas là pour remplacer la police, mais pour l’aider », assure Rick. 

La sécurité : un privilège des plus riches ?

Ces patrouilles qui circulent dans les quartiers huppés de Chicago ont été instaurées à la demande des habitants. Coût de l’opération : 200.000 euros, soit 100 euros par mois et par foyer pour ceux qui acceptent d’y participer. Des sommes justifiées, estiment certains résidents face à la hausse de +41% de la délinquance en un an dans la ville, une situation qui a coûté sa réélection à la maire sortante. « Ils sont très pros, très respectueux, le quartier a bien fait d’investir là-dedans », se réjouit  un habitant.

Mais tous ne sont pas tenus de contribuer et l’initiative divise. « À part griller des stops, je ne vois pas bien à quoi ils servent, et puis on paie déjà des impôts pour la police », s’emporte une résidant, quand un autre affirme ne s’être « jamais senti en insécurité dans ce quartier. Les gens en font trop ». 

La société en charge de ces agents l’assure pourtant : les délits auraient chuté dans le secteur et déjà neuf autres quartiers parmi les plus riches de la mégalopole se sont déjà attaché ses services. « C’est principalement lié au manque de moyens de la ville en matière de police », explique Stefano Vitale, vice-président de la société P4. L’entreprise utilise les données statistiques de la police pour mettre en place ses patrouilles, avec un graphique qui indique les tendances en termes de criminalité dans les quartiers.

Mais les critiques sont nombreuses face à ces patrouilles privées. Beaucoup craignent que ces agents ne viennent renforcer les inégalités entre les quartiers les plus aisés et les plus défavorisés. Et que la sécurité ne devienne le privilège des plus riches.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Axel Monnier, Alexandra Poupon, Alec Kessener

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