En ces jours qui précèdent le nouvel an lunaire, le quartier chinois dans le centre historique de Rangoun, en Birmanie, est noir de monde : il faut pour avancer se frayer un passage entre les étals de fruits, de beignets et de grillons enduits de sauce salée. Aux envolées stridentes d’une chanteuse en tenue écarlate qui s’agite sur une estrade s’ajoute le mugissement des générateurs posés sur les trottoirs. Plus loin, un photographe éclaire avec sa torche une jeune fille en short qui prend la pose dans la 19e rue, la « rue des bars ». De jeunes fêtards tiennent le pavé, agglutinés sur des tabourets autour de tables pliantes devant Cleopatra, Damn et Rangoon Mule, les enseignes les plus courues.

A voir ces poches d’hyperactivité qui animent Rangoun jusque tard dans la nuit, on ne peut que constater qu’une certaine frénésie s’est emparée de la plus grande ville du pays (six millions d’habitants). Pourtant, l’économie est en recul (− 1 % entre mars 2024 et mars 2025 selon la Banque mondiale), l’inflation galopante, et les touristes, chinois ou autres, sont rarissimes.

Il y a quatre ans, le 1er février 2021, le coup d’Etat de l’armée à la veille de l’investiture d’un nouveau gouvernement démocratique dirigé par la Ligue nationale pour la Démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, avait opportunément eu lieu durant la pandémie de Covid-19. Dans les semaines qui suivaient, la jeunesse birmane, Rangoun en tête, se révoltait. En réponse, l’armée avait commencé à tirer. Au terme du seul mois de mars 2021, 400 personnes avaient perdu la vie. Fin avril, le bilan atteignait les 600 morts.

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