« Ah, la santé… Vous avez l’impression que les politiques en parlent, vous ? Je veux dire, qu’ils en parlent vraiment, pour trouver des solutions, et pas seulement pour s’attirer des voix ?  » Alain (son prénom a été modifié, comme ceux de tous les patients cités), chauffeur de bus fraîchement retraité, fait partie des patients qui se succèdent, ce jeudi de juin, dans la salle d’attente du centre de consultations médico-chirurgicales de Rethel (Ardennes), 7 500 habitants, quelques jours avant le premier tour des élections législatives.

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Un « patient patient », comme il dit : depuis huit ans qu’il est suivi, ici, par son pneumologue, il a pris l’habitude de fixer le prochain rendez-vous dès qu’il sort de consultation, « d’une année sur l’autre ». Avoir dû attendre six mois pour voir un cardiologue, à une cinquantaine de kilomètres de route, à Charleville-Mézières, après une « petite alerte », lui a servi de leçon. Les difficultés d’accès aux soins touchent aujourd’hui aires urbaines et campagnes. Mais, dans les petites villes et en zone rurale, cette préoccupation est encore plus vive. Et c’est un sujet, au moment de voter.

Ils sont une petite dizaine de patients, peu avant 10 heures, à attendre leur consultation, qui avec un pneumologue, qui avec un urologue. Et ils se rejoignent sur deux constats : la « chance » qu’ils ont d’être suivis « près de chez eux », dans un centre où, chaque semaine, des médecins spécialistes viennent depuis Reims, leur épargnant 80 kilomètres aller et retour. Et la « crainte » que cela ne dure pas et que Rethel, comme d’autres communes voisines des Ardennes ou de l’Aisne, ne devienne à son tour un « désert médical ».

Volontariat des professionnels

« Ce mot de désert médical, on l’entend partout, reprend Alain, mais je ne vois aucun politique oser dire qu’il faut répartir les médecins un peu mieux, un peu partout… Au moins les plus jeunes !  » Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, qui avait effleuré l’idée, en 2022, lorsqu’il était candidat à sa réélection, n’est pas revenu, depuis, sur cette piste de la régulation de l’installation médicale. Le Rassemblement national (RN) tient aussi la mesure à distance, tout en affirmant vouloir « favoriser » l’implantation des médecins dans les campagnes. Seul le Nouveau Front populaire a inscrit la régulation à son programme pour les législatives, en promettant de l’intégrer à une future « grande loi santé ».

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C’est pourtant la logique inverse – non pas la contrainte à l’installation, mais le volontariat des professionnels de santé – qui fait le succès du cabinet de Rethel, où une quinzaine de spécialistes viennent assurer, à intervalles réguliers, des consultations dites « avancées ». Autrement dit, en dehors de leur périmètre d’exercice habituel.

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