Au Théâtre national de Strasbourg (TNS), Caroline Guiela Nguyen trace sa route et imprime sa marque, depuis qu’elle a pris la direction de la maison, en septembre 2023. Peu à peu, son désir d’ouvrir toujours plus grand l’institution sur la diversité de la société, d’accueillir et de susciter des récits qui n’y ont pas toujours droit de cité, se concrétise. Mercredi 23 avril, elle a lancé Les Galas du TNS qui ne se veut pas un festival comme un autre, mais un rendez-vous de fête et de création avec les habitants, à voir jusqu’au samedi 3 mai. L’idée ? « Rassembler, dans tous les lieux du TNS, des artistes qui, par nécessité et par besoin artistique, ont créé leurs spectacles avec des personnes dont les trajectoires de vie n’ont pas encore rencontré nos plateaux. »

Dont acte. Outre le Marius de Marcel Pagnol signé Joël Pommerat, créé en 2019 avec des détenus de la maison centrale d’Arles, cette première édition des Galas s’est ouverte avec deux créations : l’une de Caroline Guiela Nguyen elle-même, Valentina, l’autre de Claire Lasne Darcueil, Je suis venu te chercher. Toutes deux partent d’une démarche documentaire menée par une cellule du TNS, missionnée par sa directrice, pour collecter des récits de vie dans la région de Strasbourg. Mais, à partir de là, les deux metteuses en scène autrices prennent des chemins bien différents.

Le point de départ, pour Caroline Guiela Nguyen, a été la rencontre avec les membres de Migrations Santé Alsace. L’association met en place un réseau d’interprètes permettant aux migrants et aux réfugiés ne parlant pas français de bénéficier d’une assistance linguistique sans laquelle ils subissent une forme de violence institutionnelle. Mais la metteuse en scène, qui croit dur comme fer aux pouvoirs de la fiction, ne s’en tient pas à ce substrat documentaire. Valentina prend les atours d’un conte qui, comme tel, mêle effroi et enchantement.

Conflit tragique

Où, donc, Valentina, une petite Roumaine de 9 ans, vient vivre en France avec sa mère, qui souffre de problèmes cardiaques et pense qu’elle ne sera pas bien soignée dans son pays. L’enfant, qui apprend le français à vitesse grand V, se retrouve vite dans la situation de devoir servir d’interprète à sa mère dans son parcours de soins. Le conflit tragique se noue peu à peu. On voit Valentina, par amour pour sa mère, perdre sa vitalité dans un imbroglio de mensonges se superposant les uns sur les autres.

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