Au centre, Marine Tondelier, au premier jour de l’université d’été des Ecologistes à Strasbourg, le 21 août 2025.

Une rentrée politique avec l’élection présidentielle en ligne de mire. Au premier jour de leurs universités d’été à Strasbourg, Les Ecologistes ont organisé, jeudi 21 août, un grand rassemblement de toute la gauche, y compris mélenchoniste, en appelant « à la responsabilité » dans l’optique d’une candidature commune pour la présidentielle.

Dans son discours, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a de nouveau plaidé pour une primaire allant de Raphaël Glucksmann à Jean-Luc Mélenchon, alors que les deux hommes refusent toute idée d’union de la gauche pour 2027, chacun préférant faire cavalier seul pour réussir à s’imposer dans les sondages. « Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la commedia dell’arte, et les “gnagnagna, si tu me mets un dissident là, je t’en mets un là” (…) On n’a pas le temps », a-t-elle martelé, mettant la pression sur ses partenaires.

« Il y a une bascule du fascisme qui est en cours. Elle est à l’œuvre au niveau mondial, comme si les Etats étaient des dominos qui tombaient (…). On a un rôle à jouer historique parce que la France fait partie des prochains dominos », a aussi averti Marine Tondelier. Et elle a prévenu que « les écologistes n’ont pas vocation à être uniquement les gentils organisateurs de l’union », et seront représentés « dans la primaire qui s’annonce », précisant qu’elle rendrait publique « à l’automne » sa décision sur sa potentielle candidature.

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Dans un meeting intitulé « Pour gagner demain » se sont retrouvés sur scène le patron des socialistes, Olivier Faure, et des représentants de toutes les formations du Nouveau Front populaire (NFP), y compris de Place publique et de La France insoumise (LFI).

Mais Thierry Brochot, délégué général de Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, a rapidement mouché les espoirs, en estimant que l’union « n’est pas en soi une force propulsive » et ne le devient que si « elle a un sens et un projet commun ». La députée « insoumise » Alma Dufour a aussi acté des « divergences stratégiques » entre LFI et ses partenaires du NFP.

« L’union n’est pas la seule condition pour la victoire mais sans l’union se répétera ce qui s’est déjà passé. Comme si nous n’avions pas compris que quatre, cinq, six candidats de gauche au premier tour, c’est aucun au second tour », a répondu Olivier Faure. Et si la gauche n’est pas au second tour, elle « n’aurait plus sa place dans le débat politique », a-t-il prévenu. « Huit Français de gauche sur dix veulent l’union », a martelé l’ex-« insoumise » Clémentine Autain, pro-unioniste, appelant ses partenaires « à passer à l’action ».

Soutien à la mobilisation citoyenne du 10 septembre

Pour l’heure, au moins un point d’accord : quasiment tous promettent de voter la censure du gouvernement Bayrou lors de l’examen du budget 2026. Et de soutenir les mouvements citoyens, dont le mouvement de blocage du 10 septembre.

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Une mobilisation citoyenne aux contours encore flous mais « que nous devons accompagner », a assuré Olivier Faure. « Nous serons là le 10 septembre et les jours suivants », a-t-il promis. Pas pour « canaliser, dompter, instrumentaliser ou soumettre » ce mouvement mais pour « lui offrir un débouché politique qui ne soit pas celui de l’extrême droite ».

Ce rassemblement fait suite à l’initiative lancée début juillet à Bagneux (Hauts-de-Seine) par Lucie Castets, l’éphémère prétendante à Matignon du Nouveau Front populaire (NFP), pour une candidature commune lors de la prochaine élection présidentielle, face au risque de voir arriver au pouvoir l’extrême droite. « La barre est haute pour une victoire de la gauche et des Ecologistes mais elle peut être atteinte », a assuré cette dernière à Strasbourg, persuadée que « l’union est la clé ». « Je crois que les gauches doivent être solubles. Elles sont solubles dans la lutte contre les inégalités, pour le droit international, pour la justice sociale et la justice fiscale », a-t-elle aussi ajouté.

Lucie Castets avait obtenu à Bagneux que le Parti socialiste, Les Ecologistes, Génération. s, Debout (le parti de François Ruffin) et L’Après (le parti des ex- « insoumis ») actent le principe d’un « projet commun » et d’un candidat commun pour 2027. Ils ont décidé notamment de se mettre d’accord sur les modalités de désignation du candidat fin 2025 et sur le choix du candidat « entre mai et octobre 2026 ».

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« Il y aura deux offres politiques en 2027 » à gauche, assure Raphaël Glucksmann

Mais alors que le NFP avait réussi à rassembler la quasi-totalité de la gauche aux législatives après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann ont jusqu’alors refusé toute participation à une nouvelle initiative unitaire, chacun préférant faire cavalier seul. Le leader de Place publique a insisté dans un entretien publié mercredi par Mediapart : « Il y aura deux offres politiques en 2027 » à gauche « qui ne sont pas solubles l’une dans l’autre », déclare-t-il, rappelant son opposition à Jean-Luc Mélenchon sur sa « vision de la France, de l’Europe, du monde », de « la démocratie comme du débat public ».

Dans une interview à Libération diffusée jeudi, Marine Tondelier a déploré ces « petits jeux d’appareils ». « Notre boussole, à tous, doit être l’antifascisme, prévient-elle. Regardez ce qu’il se passe dans le monde, où de grandes démocraties basculent une par une. La France fait partie des prochains dominos qui peuvent tomber. Et si la France tombe, c’est l’Europe qui vacille ».

Un autre rassemblement prévu, sans les « insoumis »

« Pourquoi nous avons fait le NFP ? Parce que le danger de voir arriver Jordan Bardella [président du Rassemblement national] à Matignon était imminent. Qui peut sincèrement penser que nous aurions, en 2025, en 2026 et 2027, davantage le luxe de la division qu’en 2024 ? », argumente encore Marine Tondelier, plaidant aussi pour des rassemblements larges en cas de législatives partielles anticipées et pour les élections municipales de 2026.

Mais pour cette échéance, lors de laquelle Les Ecologistes espèrent conserver les villes gagnées en 2020 et en conquérir d’autres avec le reste de la gauche, les tensions sont parfois fortes localement avec les partenaires socialistes ou « insoumis ».

Un rassemblement unitaire similaire est prévu la semaine prochaine, pour les journées d’été du PS à Blois, mais sans les « insoumis », avec qui les relations sont glaciales, notamment depuis que les socialistes ont refusé de censurer le gouvernement sur le budget 2025.

Cette ode à l’union risque de se voir malmenée dès vendredi, aux universités d’été de LFI à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) avec le discours, toujours très attendu, de Jean-Luc Mélenchon, déjà lancé dans sa quatrième campagne présidentielle.

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Le Monde avec AFP

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