Pourquoi le tremblement de terre du 28 mars 2025 en Asie du Sud-Est a été si étendu et si meurtrier ?
Une conjonction de facteurs a mené à la pire catastrophe qu’ait connue le pays depuis plus d’un siècle.
Plus de 1.600 personnes ont perdu la vie en Birmanie, et au moins 17 à Bangkok après l’effondrement d’un immeuble.
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Séisme en Asie du Sud-Est : la Birmanie appelle à l’aide
Les dégâts témoignent de la violence inouïe du phénomène. Des immeubles effondrés sur eux-mêmes, éventrés par l’intensité des secousses. À Mandalay ou à Bangkok, les conséquences du tremblement de terre sont impressionnantes. Mais pas forcément surprenants pour les sismologues.
D’abord, l’épicentre du séisme se trouve dans les terres, à l’intérieur d’une zone très dense, à 20 kilomètres seulement de Mandalay, deuxième plus grande ville de Birmanie. Il est aussi peu profond, environ 10 kilomètres. Or, épicentre proche de la surface signifie séisme particulièrement dévastateur.
Ce déplacement, il est probablement de 2 à quelques mètres
Ce déplacement, il est probablement de 2 à quelques mètres
Yann Kling, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris et au CNRS
Il y a ensuite sa magnitude, très élevée, 7,7 sur l’échelle de Richter. Comment l’expliquer ? L’épicentre se trouve en fait sur une faille, bien connue des scientifiques, dite de Sagaing. « On a deux plaques tectoniques qui sont collées l’une par rapport à l’autre. On accumule des forces sur cette faille qui résiste, qui résiste, qui résiste. Et puis à un moment, ça ne peut plus résister et ça bouge, puis ça produit le tremblement de terre. Dans le cas du séisme [en Birmanie], ce déplacement, il est probablement de 2 à quelques mètres », explique Yann Kling, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris et au CNRS.
Sur une centaine de kilomètres de long, ces chiffres sont gigantesques. Il faut remonter à 1839 pour trouver un événement de la même intensité sur cette faille. En revanche, ce séisme a les mêmes caractéristiques que celui survenu en Turquie, il y a deux ans, qui avait provoqué la mort de plus de 50.000 personnes. À une différence près tout de même, les destructions constatées à 1000 km de l’épicentre, à Bangkok, en Thaïlande.
Des secousses fortes à une distance très lointaine qui s’expliquent par le fait que Bangkok est construite dans une cuvette, sur des sols meubles. « Ça veut dire des zones de creux qui se sont remplies de sédiments, de roches sédimentaires moins robustes. Les ondes vont être piégées par ces couches de sable un peu consolidées. Elles vont rebondir sur les côtés du bassin de façon schématique. Et du coup, elles vont s’amplifier, elles vont rester plus longtemps que prévues, avec une force plus importante », développe Marianne Métois, géophysicienne et maîtresse de conférence à l’Université Claude Bernard Lyon 1 (Rhône).
La Thaïlande et la Birmanie ont déjà connu plusieurs répliques. Et d’après les sismologues, il y a 9 chances sur 10 qu’un nouveau tremblement de terre de magnitude 5 survienne la semaine prochaine. Ce qui pourrait démolir entièrement des constructions déjà endommagées.