Une nouvelle alerte rouge météorologique concernant des pluies diluviennes attendues sur les provinces de Tarragone et de Malaga a contraint à évacuer plus de 3 000 personnes, mercredi 13 novembre, en Espagne. Cependant, à Valence, la controverse politique sur les défaillances en matière de prévention, d’alerte à la population et de gestion de la catastrophe ferait presque oublier le caractère exceptionnel des inondations tragiques qui ont fait, à ce jour, 215 morts et 17 disparus, le 29 octobre. Selon une première étude réalisée par l’Agence météorologique espagnole (Aemet), la fréquence de telles précipitations sur la région est de l’ordre d’une fois tous les mille ans.

La station météorologique de Turis a recensé 771 litres au mètre carré en moins de douze heures, principalement entre 13 heures et 19 heures et 185 litres par mètre carré en une seule heure – un record absolu en Espagne depuis qu’il existe des statistiques. Dans cette zone, la crue de la rivière Magro a été freinée par le barrage de Forata. Presque à sec du fait de la sécheresse prolongée qui frappait la région, il a retenu près de 30 hectomètres cubes de pluie, atteignant sa capacité maximum et faisant craindre aux techniciens une possible rupture de la structure qui aurait englouti les villages en aval, tel Algemesi.

Principales villes où des vicitimes ont été recensées: 215 morts et 17 personnes portées disparues, au 10 novembre

Des infrastructures de transports endommagées ou détruites : 1 500 kilomètres de routes, 100 kilomètres de voies ferrées, des ponts et des viaducs…  La connexion ferroviaire à grande vitesse est coupée vers Barcelone et Madrid. Des zones industrielles entières, comme celle d’Almussafes, sont aussi touchées.

Zones partiellement ou totalement inondées selon les satellites Copernicus
Au moins 77 000 foyers ont été touchés par les inondations, soit 190 000 personnes . Dans de nombreuses municipalités comme celles de Picanya, Alcudia ou de Beniparrell, plus de 90 % des logements se trouvent dans des zones touchées par les inondations.

Une région agricole et des cultures menacées
Les milliers d’hectares de plantations d’agrumes, de kakis et d’amandiers de l’Horta de Valence, vaste plaine agricole, constituée de plaines fertiles et irriguées, ont été ravagés. Et les crues ont emporté des centaines d’hectares de vignes.

Sources : Copernicus ; Instituto Geográfico Nacional ; ERCC ; Aemet ; El Diario ; El Pais ; Ministère espagnol de la transition écologique ; Le Monde
Infographie Le Monde : Xemartin Laborde et Véronique Malécot

A Chiva, 491 millimètres de précipitations ont été mesurés, l’équivalent de plus d’un an de pluie en quelques heures. En aval, le barranco (ravin) del Poyo, ce lit de rivière d’ordinaire complètement à sec, qui présente un dénivelé de 1 000 mètres sur une distance de 50 kilomètres, est rejoint par une multitude d’autres canaux et petits ravins. Aux portes des communes de la banlieue sud de Valence, situées en zone inondable, son débit a brusquement augmenté. En deux heures, il est passé de 50 mètres cubes d’eau par seconde à plus de 2 281 mètres cubes d’eau par seconde, la force de la crue détruisant alors les appareils de mesure.

« La pluie ne sait pas pleuvoir »

Selon les techniciens de la Confédération hydrographique du Jucar, il est probable que cette vague ait atteint jusqu’à 3 600 mètres cubes par seconde avant de déferler sur la commune de Paiporta, épicentre de la tragédie. Or, le ravin du Poyo n’est capable de canaliser que 800 mètres cubes par seconde. Selon des travaux publiés mardi 12 novembre par l’université de Valence, près de 563 kilomètres carrés se sont retrouvés sous les eaux, dont 63 kilomètres carrés de zone urbaine.

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