• Le Royaume-Uni a annoncé mercredi 17 juillet abaisser l’âge du droit de vote de 18 à 16 ans pour toutes les élections.
  • TF1info fait le point sur ce débat qui divise la classe politique française depuis de nombreuses années.

Et si on votait en France dès 16 ans ? L’idée n’est pas nouvelle, revient régulièrement à l’occasion des élections et a déjà fait l’objet d’une proposition de loi en 2021, rejetée par le Sénat. Le Royaume-Uni a en revanche franchi le pas ce mercredi 17 juillet, en annonçant l’abaissement de l’âge du droit de vote de 18 à 16 ans. Une mesure de modernisation de la démocratie britannique qui faisait partie du programme du Premier ministre travailliste Keir Starmer, au pouvoir depuis juillet 2024. Où en est donc ce vieux débat en France ?

La gauche y est favorable

Lors de la dernière élection présidentielle, en 2022, trois candidats se sont déclarés favorables à l’abaissement du droit de vote aux jeunes de 16 ans : Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Yannick Jadot (Les Écologistes). Les deux premiers avaient déjà proposé cette idée en 2017, loin d’être nouvelle au sein de la gauche française : Lionel Jospin voulait déjà fixer le droit de vote à 17 ans quand il était candidat à l’élection présidentielle de 2002. 

Les principaux leaders des partis de gauche ne sont pas totalement désintéressés par cette mesure puisque les jeunes votent davantage à gauche que le reste de la population. 48 % des 18-24 ans ont ainsi apporté leur voix au Nouveau Front Populaire lors des élections législatives de 2024 selon Ipsos. Le RN et ses alliés arrivaient en deuxième position (33 %) chez les plus jeunes électeurs, largement devant la coalition Ensemble (9 %) ou la Droite républicaine (4 %).

En avril dernier, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, a encore plaidé pour l’abaissement du droit de vote à 16 ans. « Aujourd’hui, en France, on peut ouvrir un livret d’épargne à 12 ans, on a une responsabilité pénale à 13 ans, on peut faire un testament à 16 ans, mais par contre, pour voter, il faut attendre 18 ans (…) Qu’il (le droit de vote) ait lieu à 16 ans quand on est censé être encore scolarisé et au lycée, ça permet aussi un apprentissage de la citoyenneté dans des cercles en dehors de la famille », a-t-elle défendu sur le plateau de Bonjour La Matinale TF1.

Plusieurs maires de gauche, dont Anne Hidalgo (Paris), Grégory Doucet (Lyon) ou Éric Piolle (Grenoble), ont en outre soutenu une tribune de l’Unicef publiée par Ouest-France le 17 avril dernier, appelant à abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans pour les élections municipales de 2026. 

Emmanuel Macron et son camp ne sont pas vraiment pour

La mesure revient dans le débat avant chaque scrutin. Interrogé sur le sujet en 2019, Emmanuel Macron a déclaré n’y être « pas opposé », mais seulement si la participation des jeunes augmentait lors des scrutins suivants. « On ne peut pas dire ‘on a les trois quarts des jeunes entre 18 et 25 ans qui ne sont pas allés voter il y a cinq ans’ et me dire ‘mettez la majorité à 16 ans’. Et donc tous les jeunes qui pensent qu’il faut mettre la majorité à 16 ans, allez voter déjà quand vous en avez 18 », a-t-il répondu dans une interview sur la chaîne YouTube HugoDécrypte

Le chef de l’État ne s’est plus exprimé sur cette mesure depuis, mais l’abstention supérieure chez les jeunes par rapport à l’ensemble des électeurs lors des dernières élections n’a pas dû le faire changer d’avis (43 % chez les 18-24 ans contre 34,2 % en moyenne lors des élections législatives 2024 selon le même rapport d’Ipsos).

Clément Beaune a relancé le débat dans un entretien accordé à L’Opinion en 2021, se disant « plutôt favorable » à titre personnel et affirmant qu’ « aucune piste de ne doit être négligée » pour la campagne présidentielle suivante. Mais l’ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes estimait aussi qu’il fallait d’abord mobiliser davantage les 18-25 ans.

La droite et le RN s’y opposent

Le Sénat, dominé par la droite, a rejeté de son côté une proposition de loi des socialistes visant à fixer l’âge du droit de vote à 16 ans en 2021. La présidente du Conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), s’est également déclarée contre cette mesure lors de la campagne présidentielle de 2022, considérant que les 18-24 ans votaient déjà peu et qu’il fallait d’abord lutter contre l’abstention chez les jeunes.

Bien plus populaire dans les urnes chez les 18-24 ans que la droite républicaine, le Rassemblement national n’est pourtant pas non plus favorable au droit de vote à 16 ans. Même si Jordan Bardella s’est affirmé en quelques années comme l’une des personnalités politiques françaises les plus suivies sur les réseaux sociaux, avec notamment 2,2 millions d’abonnés sur TikTok.

Victor GAUTIER

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