Vingt-six ans séparent son arrestation de son appel à déposer les armes et à dissoudre son mouvement, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Un gros quart de siècle durant lequel Abdullah Öcalan est resté derrière les barreaux de l’île-prison d’Imrali (Turquie), en mer de Marmara, détenu à l’isolement total la plus grande partie de son temps et encadré par 1 000 militaires, loin des regards du monde. Jusqu’au jeudi 27 février où, à 75 ans, il a fait passer le message que le temps de la dissolution était arrivé. Une décision historique, à la mesure du personnage et de son parcours.

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Quand des agents des services secrets turcs l’arrêtent au Kenya, le 15 février 1999, cet homme à la moustache noire est quasi inconnu du public occidental. Les autorités turques, elles, le connaissent bien et pensent en avoir fini avec le PKK, organisation fondée une vingtaine d’années auparavant et lancée dans une guerre meurtrière contre le pouvoir en place. Or, c’est le contraire qui va se produire : tout au long de ces vingt-six années, l’influence du parti n’a cessé de s’étendre à l’ensemble des régions kurdes du Moyen-Orient, ses idées sont aujourd’hui défendues par une multitude d’entités. Quant à Öcalan, il est devenu un symbole, « y compris pour ceux qui ne partagent pas ses idées », d’après le politiste Hamit Bozarslan, fin observateur de la société kurde et anatolienne.

Surnommé affectueusement « Apo » (« oncle », en kurde), ou encore « Soleil de la galaxie » par ses partisans, haï par une majorité de la population et les représentants de l’Etat turc, pour lesquels il demeure ce « chef terroriste » dont il n’est même plus utile de citer le nom, Abdullah Öcalan a réussi à maintenir la cohésion de l’appareil du PKK malgré ses revirements, l’évolution de son discours, les divisions internes et les revers opérationnels. Le fait que son arrestation, en 1999, n’ait pas provoqué l’éclatement du parti illustre aussi sa capacité à conserver, depuis sa cellule, une position dominante dans le débat, en Turquie, sur la question kurde.

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