
D’après une note publiée samedi 6 septembre par le Bureau d’enquête sur les accidents aériens et ferroviaires (Gpiaaf), le déraillement d’un funiculaire à Lisbonne qui a fait 16 morts mercredi a suivi « la déconnexion du câble entre les deux cabines » qui étaient reliées. « L’inspection visuelle programmée, réalisée le matin du jour de l’accident, n’a détecté aucune anomalie sur le câble », précisent par ailleurs les enquêteurs de cette agence publique chargée d’une enquête.
Selon les premiers éléments de l’enquête révélés samedi, le choc de l’accident « s’est produit à une vitesse de l’ordre de 60 kilomètres par heure » et que « tous ces événements se sont déroulés en moins de 50 secondes ».
Le funiculaire de la Gloria, qui dans sa configuration actuelle date de 1914, est composé de deux wagons jaunes qui montent et descendent alternativement par un système de contrepoids, un dénivelé de 45 mètres sur 276 mètres de long, « avec une inclinaison moyenne de 18 % », rappellent les enquêteurs du Gpiaaf. « Les cabines sont connectées entre elles par un câble qui équilibre leur poids via une grande roue réversible située au sommet de la Calçada da Glória dans un compartiment technique souterrain », décrivent-ils aussi, soulignant que le câble reliant les deux wagons était enterré.
« Une tragédie sans précédent »
« À 18 heures, [mercredi] 3 septembre, le funiculaire de Gloria avait ses cabines stationnées dans leurs gares respectives », poursuivent-ils, précisant que le nombre précis de passagers dans chaque cabine n’est pas connu à ce stage. Les cabines commencent leur trajet, mais « quelques instants après le départ et après avoir parcouru environ six mètres, [elles] perdent subitement la force d’équilibre garantie par le câble de connexion qui les unit ». « La cabine n° 2 [en bas du parcours] recule brusquement (…). Quant à la cabine n° 1, en haut de la Calçada da Glória, elle continue son mouvement descendant en augmentant sa vitesse », malgré les tentatives du conducteur de la freiner, décrivent les enquêteurs du Gpiaaf.
« Environ 170 mètres après le début de son trajet, au début de la courbe à droite que l’alignement de la Calçada présente dans sa partie finale, le véhicule, en raison de sa vitesse, a déraillé et a commencé à se renverser », ajoutent-ils encore. « Le véhicule a totalement perdu son guidage, heurtant latéralement la partie supérieure de la cabine contre le mur de l’immeuble situé du côté gauche de la Calçada, ce qui a initié la destruction de la caisse en bois, puis heurtant frontalement un lampadaire public et un support du réseau aérien électrique de l’ascenseur, les deux en fonte, lesquels ont causé des dégâts très significatifs à la caisse, et terminant peu après son mouvement incontrôlé contre le coin d’un autre immeuble », concluent-ils.
Une Française a trouvé la mort de cet accident mercredi, ainsi que cinq Portugais, trois Britanniques, deux Sud-Coréens, deux Canadiens, un Suisse, un Américain et un Ukrainien, a détaillé la police judiciaire jeudi. Parmi les Portugais morts figuraient quatre employés d’une même institution d’aide sociale dont les bureaux sont situés au sommet de la colline parcourue par le funiculaire. L’accident a fait en tout une vingtaine de blessés dont au moins onze étrangers, selon les secours.
Des images sur les réseaux sociaux montrent le funiculaire totalement disloqué au pied d’un mur et dans un nuage de fumée, après avoir apparemment manqué un virage dans la rue qu’il empruntait. « C’est une tragédie sans précédent », avait déclaré le maire de la capitale, Carlos Moedas. Dans l’attente des résultats de l’enquête, ce dernier avait ordonné la suspension immédiate des trois autres funiculaires de la capitale afin d’y mener des inspections techniques.