Deux entités de la multinationale Goodyear ont été mises en examen mardi et mercredi pour tromperies à Besançon.
Le géant du pneu est soupçonné d’avoir dissimulé les défauts de certains modèles équipant des camions, à l’origine d’accidents mortels.
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À l’issue de la deuxième journée d’auditions mercredi 14 mai, la SAS Goodyear France, distributeur des pneumatiques dans l’Hexagone, a été mise en examen pour « pratique commerciale trompeuse », « tromperie sur la qualité substantielle de la marchandise », et pour un fait d’« homicide involontaire », a indiqué le parquet de Besançon dans un communiqué. En outre, elle a été placée sous le statut de témoin assisté pour deux autres « homicides involontaires » et pour « blessures involontaires ».
L’enquête porte sur trois dossiers de collisions mortelles impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear dans la Somme, le Doubs et les Yvelines, en 2014 et 2016, faisant quatre morts au total. D’après les investigations, plusieurs accidents ont été provoqués par l’éclatement du pneu avant gauche des camions, des pneus Goodyear Marathon LHS II ou Marathon LHS II+, induisant la perte de contrôle du véhicule aux chauffeurs.
Il est reproché au géant américain d’avoir eu connaissance d’un défaut de fabrication de ces modèles, mais de ne pas en avoir averti ses clients. Le 17 avril dernier, la veuve d’un des routiers décédés s’est confiée au JT de TF1. « Pour moi, mon objectif a toujours été le même, c’est-à-dire que ces pneus ne circulent plus sur nos routes, ce qui a priori n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-elle témoigné.
Les chefs de tromperie sont passibles d’une amende pouvant monter « jusqu’à 10% du chiffre d’affaires » de l’entreprise, selon une source judiciaire. « Goodyear France apportera sa pleine coopération dans le cadre de cette instruction », a réagi une porte-parole de la multinationale américaine à l’AFP.
Goodyear Operations déjà mise en examen ce mardi
Mardi, le juge d’instruction avait déjà procédé à la mise en examen de la SAS Goodyear Operations, l’entité soupçonnée d’avoir produit les pneus, pour l’ensemble des chefs. « Les deux sociétés contestent les faits qui leur sont reprochés. L’information judiciaire se poursuit », a écrit dans le communiqué Margaret Parietti, procureure de la République de Besançon par intérim.