
Visé par une plainte pour agression sexuelle sur mineure et accusé de harcèlement sexuel, l’ex-skieur Joël Chenal rompt le silence. « Ce que j’ai fait est impardonnable. Je veux m’excuser par rapport à tout le mal que j’ai fait (…) aux jeunes filles », déclare, dans un entretien publié lundi 11 août sur le site du Dauphiné Libéré, l’ancien vice-champion olympique de géant de 2006 devenu entraîneur pour la Fédération française de ski entre 2013 et 2017.
Sans aborder les détails, il évoque des faits commis sur une période d’une « dizaine d’années » et assure avoir mesuré « trop tard » leur gravité, mettant en cause la Fédération.
« Après 2017, on me dit qu’on ne va pas me reprendre [comme coach]. Personne ne m’a dit pourquoi (…) Quelque part je pense qu’ils savaient », déclare-t-il au quotidien régional, en regrettant de ne pas avoir été accompagné. Il assure avoir entamé depuis 2021 une « démarche de thérapie » et attend désormais d’être entendu pas la justice.
Le parquet d’Albertville a précisé fin juillet avoir reçu une plainte pour agression sexuelle, confirmant une information dévoilée par Le Monde. Dans notre enquête en deux volets, l’ancien skieur, âgé aujourd’hui de 51 ans, est mis en cause par douze femmes – toutes mineures au moment des faits –, dont celle qui a porté plainte en Savoie pour « agression » pour des faits présumés remontant à 2015 alors qu’elle avait 17 ans.
Une interdiction d’exercer prise par un « arrêté d’urgence »
Joël Chenal aurait profité de son statut d’ancien champion auprès de la plaignante pour proposer des services de coach avant de dévier la conversation vers des avances sexuelles.
Parmi les témoignages recueillis par Le Monde, Aurélie (son prénom a été modifié) raconte comment elle a été harcelée de ses 11 à ses 18 ans, jusqu’en 2019. « Combien de fois j’ai reçu des messages de lui en érection me proposant de venir le voir en me promettant de l’argent de poche, tandis qu’il regardait des pornos », confie-t-elle notamment.
« Il m’envoyait des messages pour me demander, par exemple, de me filmer sous la douche, j’étais en panique », explique aussi Kate (son prénom a été changé), 13 ans à l’époque des faits.
La Fédération française de ski (FFS) avait annoncé la « suspension provisoire immédiate » de Joël Chenal à la suite de ces nouvelles accusations. Le ministère des sports avait ensuite annoncé qu’« un arrêté d’urgence » avait été publié pour lui « interdire d’exercer » comme entraîneur.
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Cette interdiction administrative lui retire le bénéfice de la carte professionnelle d’éducateur sportif, nécessaire pour intervenir dans n’importe quel club. L’ancien skieur exerçait dans sa structure d’entraînement « Silver Ski Team » basée dans la station de la Rosière, près de Bourg-Saint-Maurice (Savoie).