A Kaboul, en Afghanistan, le 14 septembre 2025.

Les pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont adopté, lundi 6 octobre, une résolution établissant la création d’un mécanisme d’enquête sur les crimes les plus graves commis en Afghanistan.

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Evoquant « la détérioration » de la situation des droits humains dans ce pays, cette résolution adoptée par le Conseil établit « un mécanisme d’enquête permanent et indépendant chargé de recueillir, de regrouper, de préserver et d’analyser les éléments de preuve attestant la commission de crimes internationaux les plus graves et de violations du droit international ».

Le projet de résolution, soumis par le Danemark au nom de l’Union européenne, a été adopté sans vote des 47 pays membres. « Quatre ans après la prise du pouvoir par la force par les talibans, la situation des droits humains n’a fait que se détériorer, dans un contexte de crise humanitaire qui s’aggrave », a déclaré l’ambassadeur du Danemark, Ib Petersen, en présentant la résolution. Les talibans ont « enraciné la répression » et ont « ravagé l’espace civique en Afghanistan », a-t-il ajouté, précisant que l’enquête porterait sur une impunité de longue date.

Le texte de la résolution exprime une « profonde préoccupation face au non-respect du principe de responsabilité et à l’impunité profondément enracinée dont jouissent les responsables des violations des droits de l’homme », en Afghanistan, jugeant ainsi « impératif et urgent d’établir les responsabilités ».

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La Chine se dissocie du consensus

La résolution déplore notamment « l’institutionnalisation par les talibans de leur système de discrimination, de ségrégation, de domination, de non-respect de la dignité humaine et d’exclusion des femmes et des filles ». La résolution vise à mettre en place une enquête indépendante permanente « afin de recueillir, consolider, préserver et analyser les preuves des crimes internationaux et des violations les plus graves du droit international ». Elle permettra de faciliter des poursuites pénales indépendantes en « préservant les témoignages et les récits des victimes », a déclaré un porte-parole de l’Union européenne à l’Agence France-Presse (AFP).

L’ambassadeur de Colombie, Gustavo Gallon, a déclaré que les femmes et les filles afghanes étaient confrontées à une répression institutionnalisée « qui vise simplement à les exclure de la vie publique ». « L’ensemble de la population afghane souffre des conséquences d’un contexte de violence, de répression, de faim et de déplacements », a-t-il ajouté.

Bien qu’elle n’ait pas appelé à un vote, la Chine, membre du Conseil, s’est dissociée du consensus, affirmant que la résolution « ne reconnaît pas les progrès positifs réalisés » en Afghanistan.

Quatre ans après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, le gouvernement est encore largement exclu de la communauté internationale, qui lui reproche ses mesures liberticides, prises au nom d’une interprétation rigoriste de la loi islamique et visant particulièrement les femmes. Depuis 2021, les Afghanes ne peuvent plus exercer de nombreux métiers ni voyager sans chaperon et sont interdites d’étudier après 12 ans, de se promener dans les parcs ou de fréquenter une salle de sport.

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Le Monde avec AFP

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