Les cas de violence envers les soignants dans les hôpitaux français ne cessent d’augmenter.
Aux urgences d’Avignon, 27 d’entre eux ont porté plainte contre des patients, l’an dernier.
Une situation compliquée pour le personnel sous pression constante.

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LE WE 20H

Une attaque à la voiture bélier contre les portes de l’hôpital. Au volant, un patient mécontent. Quelques instants plus tôt, une infirmière menacée par un patient armé d’un cutter. Aux urgences de Carpentras, les violences sont quotidiennes. « C’est incompréhensible, parce qu’on fait notre maximum. Se retrouver dans ce genre de situation, c’est très surprenant parce qu’on est là pour sauver des gens, les aider et les secourir. C’est très anxiogène », admet Samira Trabelsi, ambulancière auxiliaire aux urgences de Carpentras, comme on peut le voir dans le reportage en tête d’article. 

Depuis quelques années, le personnel soignant de cet établissement – comme tant d’autres dans le pays – fait face à des cas de violence quotidienne. Deux heures plus tôt, c’est Hugo qui était menacé de mort. Cet infirmier aux urgences adultes du centre hospitalier Henri Duffaut d’Avignon a même été giflé par un patient. « On est plus distant. Maintenant, on essaye de se limiter aux soins et de ne pas faire plus », se désole-t-il. 

Moi, je n’ai pas fait ce métier-là pour ça

Florian, infirmier

Florian, infirmier également, se souvient d’une violente bagarre avec un patient. « Il y a eu des coups de tête et des coups de boule. Le patient nous menaçait. Moi, je n’ai pas fait ce métier-là pour ça ». Depuis, il garde toujours la porte ouverte lors des consultations pour ne pas rester seul avec un patient. Sur sa blouse, il a même camouflé son nom par peur des représailles. Et il ne compte plus le nombre de fois où il a utilisé les boutons d’alarme, dont l’un est relié directement à la police.

Des rondes de police dans l’établissement

Afin de protéger le personnel sans transformer non plus l’hôpital en forteresse, des caméras ont été installées dans le couloir et des badges sont utilisés pour éviter les intrusions. Des agents de sécurité ont également été mobilisés jusque dans les salles de consultation. « En plus de nos agents de sécurité, nous avons des rondes de police dans l’établissement. C’est une préoccupation qui peut paraître en décalage par rapport à notre mission principale, mais elle fait désormais partie de notre vie hospitalière », explique Pierre Pinzelli, le directeur des centres hospitaliers d’Avignon et de Cavaillon-Lauris. 

Le budget sécurité de l’hôpital s’élève 1 million d’euros. Autant d’argent qui ne sera pas utilisé pour de nouveaux appareils médicaux… Résultat : le nombre d’agressions est passé d’environ trois à deux par mois en moyenne. Pas encore satisfaisant. 27 soignants ont tout de même porté plainte contre des patients, l’an dernier. 


Rania HOBALLAH | Reportage TF1 : Florence De Juvigny et Alexande Gaudin

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