C’est une étape majeure dans une affaire emblématique de dénonciation de violences sexuelles qui secoue le cinéma français depuis plusieurs mois. Selon l’Agence France-Presse, dont les informations ont été confirmées au Monde, Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont été convoqués, lundi 1er juillet, à la brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire de Paris pour un placement en garde à vue. Les deux cinéastes sont accusés de viols et de violences par plusieurs femmes, dont la comédienne Judith Godrèche, à laquelle ils devraient être confrontés par les enquêteurs dans les heures à venir.

« Je pleure. Mes yeux ne sont plus des yeux. De tout ça. (…) Je ne sais pas si j’aurai la force mais je l’aurai », a réagi la comédienne dans un message sur son compte Instragam. Son avocate, Laure Heinich, n’a pas souhaité commenter : « Les gardes à vues sont soumises au secret de l’enquête que nous souhaitons préserver pendant leur durée », a-t-elle expliqué.

Devant la BPM, Benoît Jacquot, 77 ans, devra répondre à la plainte déposée le 6 février par Judith Godrèche pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans » commis par personne ayant autorité. Comme elle l’a longuement raconté au Monde, l’actrice a rencontré le réalisateur sur le tournage du film Les Mendiants en 1986, alors qu’elle avait 14 ans. D’après son récit, une relation intime, qui a duré jusqu’en 1992 et qui s’est caractérisée par des violences sexuelles, physiques et psychologiques, s’est nouée entre eux à la suite de ce tournage.

D’autres femmes

Ces faits, probablement couverts par la prescription, sont contestés par Benoît Jacquot, qui assure ne pas avoir eu de rapport sexuel avec Judith Godrèche avant qu’elle ait eu 15 ans. Le réalisateur des Adieux à la reine affirme par ailleurs qu’il s’agissait d’une histoire d’amour partagé. Au Monde début février, il avait déclaré se sentir « responsable d’avoir été sous le charme d’une jeune fille à l’âge pas canonique », tout en admettant qu’« à 15 ans, on ne peut pas vraiment être consentante ».

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Benoît Jacquot, un système de prédation sous couvert de cinéma

Dans la foulée de la prise de parole de Judith Godrèche, d’autres femmes ont dénoncé les comportements de Benoît Jacquot à leur égard. C’est notamment le cas de la comédienne Isild Le Besco, qui a connu le cinéaste alors qu’elle avait 16 ans pour le tournage de Sade, en 1999. Elle a décidé en mai de porter plainte pour viols sur mineure de plus de 15 ans et de viols, qui auraient été commis entre 1998 et 2007. « Avec cette plainte, ce n’est pas tant que j’attaque Benoît Jacquot, mais que je soutiens les femmes qui le font et s’exposent ainsi publiquement », avait alors justifié l’actrice et autrice, que Le Monde a rencontrée pour la publication récente de son récit Dire vrai. Son avocat, Me Benjamin Chouai, n’a pas souhaité réagir au placement annoncé en garde à vue de Benoît Jacquot.

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