Un système d’irrigation dans un champ de maïs, à Colombier-Saugnieu (Rhône), le 9 juillet 2023.

Ce sont des données d’autant plus précieuses qu’elles sont rares. Le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires a publié, en février, des statistiques sur l’eau agricole en France. La mise à jour est un peu datée – elle concerne la période 2010-2020 – mais suffisante pour constater que l’irrigation des cultures gagne du terrain. Les parcelles arrosées ont progressé de 14,6 % et les prélèvements de 13,4 % au cours de ces dix années. Elles s’étendent désormais sur 1,8 million d’hectares et représentent 6,8 % de la surface agricole utile du pays.

Le choix d’asperger ou non les cultures dépend des variations météorologiques, il est donc plus significatif de constater la progression des terres agricoles nouvellement équipées d’un système d’irrigation. Craignant le changement climatique, les exploitants ont investi de façon accélérée pour rendre irrigable une superficie de 2,8 millions d’hectares, soit une augmentation moyenne de 23 % en une décennie.

En 2020, l’agriculture représente 11 % des 30,4 milliards de mètres cubes d’eau prélevés en France. Ce volume reste loin derrière les 45 % captés par les centrales de production électrique afin de refroidir leurs installations. Cependant, cet indicateur évalue la part de la ressource qui est prélevée d’un côté avant d’être majoritairement rendue à la nature. L’étude ne précise pas que sous l’angle de la consommation – c’est-à-dire sans restituer l’eau au milieu –, il en va tout autrement.

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La consommation totale en France est estimée à 4,1 milliards de mètres cubes d’eau par an en moyenne durant cette même décennie. Or l’agriculture utilise la part la plus importante de cette ressource, comme le chiffrait une autre étude du ministère de la transition écologique portant sur la période 2010-2019 et publiée en 2023 : elle en consomme 58 % (essentiellement pour l’irrigation, 92 %, et 6 % pour abreuver les troupeaux, selon une étude de 2010). Elle devance largement l’eau potable (26 %). Dans le bassin-versant d’Adour-Garonne, l’activité agricole consomme même 80 % de la ressource hydrique, 59 % et 57 % respectivement en Loire-Bretagne et Rhône-Méditerranée.

Transformation de la culture de la vigne

En métropole, quinze départements concentrent plus de la moitié des terres irrigables, dont, en tête, le Loiret, l’Eure-et-Loir, les Landes, le Lot-et-Garonne et le Gers, qui en comptent chacun plus de 100 000 hectares (197 500 hectares dans le Loiret). Cette pratique culturale s’étend jusque dans des régions qui n’étaient pas connues pour leurs déficits en pluies jusqu’à présent. Ce sont les régions du nord, de l’est et du centre de la France métropolitaine qui ont vu leurs parcelles arrosées augmenter le plus fortement. Les auteurs de l’étude notent un lien probable avec la sécheresse prononcée des sols dans ces territoires en 2020. Pour effectuer ce bilan, ils ont croisé des statistiques de la Banque nationale des prélèvements en eau avec celles du ministère de l’agriculture.

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