Vingt ans après le rachat de KLM par Air France, en avril 2004, Français et Néerlandais ont appris à cohabiter. « Nous avons choisi un concept très simple : un groupe, deux compagnies aériennes », avait déclaré, en octobre 2003, Jean-Cyril Spinetta, alors PDG d’Air France pour rassurer tout autant les salariés que les marchés financiers. Avec le recul et à première vue les gains nés du rachat de KLM par Air France ne semblent pas évidents. Au temps de la fusion, en 2004, Air France-KLM était la première compagnie aérienne au monde. Vingt ans plus tard, le duo ne figure plus qu’à la sixième place.

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Le groupe franco-néerlandais a cédé son rang de leader mondial au profit de sa rivale allemande Lufthansa. Il doit même ferrailler pour ne pas se faire dépasser par le britannique IAG, maison mère de British Airways et d’Iberia. Toutefois, sur le plan financier, pendant ces vingt premières années, le chiffre d’affaires cumulé a grimpé d’un tiers. Il est passé de 19,16 milliards d’euros en 2003 à plus de 30 milliards d’euros en 2023, comme l’ont annoncé, lundi 17 juin, Benjamin Smith et Steven Zaat, respectivement directeur général et directeur financier d’Air France-KLM.

« L’investissement dans Alitalia était une erreur »

Le paysage concurrentiel a aussi beaucoup changé. « A l’époque, il y avait six rivaux aux Etats-Unis », rappelle M. Zaat. De fait, la concentration est déjà à l’œuvre. Pour preuve, « le nombre des grandes compagnies américaines est passé de six à trois », signale Ben Smith. Il note également « la montée en puissance des compagnies du Golfe, de Turkish Airlines et des compagnies chinoises ». Sans compter l’émergence irrésistible des compagnies à bas coûts, telle Ryanair devenue la plus rentable d’Europe.

Bousculée par ses rivales, mais aussi minée par ses querelles intestines entre intérêts français et susceptibilité des Néerlandais, Air France-KLM a raté des opportunités d’acquisitions. « Nos compétiteurs deviennent plus gros. Nous voulons participer à la consolidation », affirme Ben Smith. Il est vrai que pendant qu’Air France a manqué, par deux fois, de mettre la main sur Alitalia, IAG n’a fait qu’une bouchée d’Iberia. Lufthansa a fait une belle affaire avec le rachat de Swiss. C’est finalement la compagnie allemande qui devrait, ces prochains jours, faire tomber Alitalia, devenue ITA Airways, dans son escarcelle.

Il n’empêche, avec le Canadien Ben Smith, aux commandes depuis 2018, Air France-KLM est revenue dans la course. « L’investissement dans Alitalia était une erreur », a-t-il reconnu. Après le Sud, c’est aussi vers le nord que la compagnie a tourné ses regards et ses ambitions. Elle vient de prendre près de 20 % du capital de la compagnie scandinave SAS. Pour être finalisée, l’opération doit encore recevoir l’aval de Bruxelles. Mais, sans attendre, SAS a quitté Star Alliance pour rejoindre Air France dans l’alliance SkyTeam.

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