A en croire les magazines féminins, le lissage brésilien fait « fureur » dans les salons de coiffure. Mais selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), cette technique de soin capillaire qui consiste à injecter de la kératine dans les cheveux avant de les passer sous des plaques chauffantes, n’est pas sans risque pour la santé. L’Anses, avec la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et le ministère de la santé, a émis mercredi 16 octobre une « alerte sur les risques liés aux produits de lissage pour cheveux ». En cause, l’acide glyoxylique, l’agent chimique utilisé pour défriser les cheveux et leur conserver un aspect brillant pendant plusieurs mois.

Depuis le début de l’année, l’Anses a reçu, dans le cadre de sa nouvelle mission de cosmétovigilance, quatre signalements d’insuffisance rénale aiguë survenus à la suite de lissages brésiliens. Aussi, la DGCCRF et le ministère de la santé « déconseillent » l’utilisation des produits lissants contenant de l’acide glyoxylique. L’avertissement vaut pour les coiffeurs et leurs clients, mais aussi pour les particuliers qui appliquent ces préparations à domicile.

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« Il faut absolument faire passer le message, notamment aux plus jeunes, de ne pas faire de lissage brésilien, affirme au Monde Juliette Bloch, directrice des alertes et des vigilances à l’Anses. Il est évident qu’il y a beaucoup d’autres cas qui, aujourd’hui, ne nous remontent pas. Les lissages brésiliens sont très fréquents, ce n’est pas réservé aux coiffures afro. » Peu de médecins font aujourd’hui le lien entre des symptômes d’insuffisance rénale et le lissage.

Personnes sans antécédents

Les signes d’insuffisance rénale apparaissent quelques heures après l’exposition à l’acide glyoxylique. Ils se manifestent par des douleurs abdominales ou lombaires, des nausées ou encore des vomissements. Dans trois des quatre cas signalés à l’Anses, la gravité de l’insuffisance rénale a nécessité une hospitalisation. La dernière victime est sortie de l’hôpital lundi 14 octobre après plusieurs jours de prise en charge. Il s’agit d’une jeune femme de 28 ans. « A chaque fois, ce sont des personnes sans antécédents et chez qui on n’attend pas de problèmes rénaux, explique Juliette Bloch. Ce n’est pas anodin. Même si on arrive à traiter ces insuffisances aiguës par hyperhydratation, elles peuvent conduire à des insuffisances rénales chroniques sur le long terme. »

L’acide glyoxylique ne fait pour l’heure l’objet d’aucune restriction dans les cosmétiques. Il a remplacé, dans les préparations de lissage, le formaldéhyde, dont l’usage dans ce domaine a été interdit en 2019 en raison de son potentiel cancérogène. L’Anses a lancé une expertise sur la toxicité rénale de l’acide glyoxylique en application capillaire. Attendue d’ici à la fin de l’année, elle devrait permettre de proposer une évolution des dispositions réglementaires européennes : restriction ou interdiction.

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