Il a été incertain jusqu’à la veille de ce premier jour de compétition, mais Alexis Lebrun est finalement bien entré en lice lors des Mondiaux 2025 de tennis de table. Samedi 17 mai, à Doha (Qatar), l’aîné de la fratrie Lebrun s’est imposé (11-6, 11-2, 11-1, 11-6) face au Togolais Kokou Fanny, 181e joueur mondial. Félix Lebrun est quant à lui facilement venu à bout (11-7, 11-5, 11-9, 11-8) du Slovaque Lubomir Pistej, 146e au classement WTT. Dimanche, les deux frères enchaîneront avec le double, où ils sont numéros 1 mondiaux.
Plus que l’état du petit doigt de sa main droite – opéré le 29 mars d’une fracture du cinquième métacarpien –, c’est la capacité d’Alexis à s’aligner dans une forme suffisante et à ne pas risquer une blessure annexe qui a questionné le staff de l’équipe de France avant ces Mondiaux. Le 27 mars, Alexis Lebrun s’était blessé en frappant à plusieurs reprises la table de jeu, après s’être incliné en finale des championnats de France face à son petit frère.
Un geste d’énervement qui l’a obligé à déclarer forfait pour le tournoi WTT d’Incheon (Corée du Sud) et, surtout, pour la Coupe du monde de Macao (Chine), mi-avril. Il était alors dans une forme étincelante, vainqueur, notamment, des championnats d’Europe fin 2024 et du Top 16 européen en début d’année. Malgré son absence du circuit, Alexis a gagné une place au classement, profitant sans jouer de la dégringolade de l’Allemand Patrick Franziska (six places de perdues) pour devenir numéro 8 mondial, à deux rangs de Félix Lebrun.
« Réhabituer le corps à jouer à haute intensité »
Une semaine avant le début des championnats du monde, Alexis Lebrun est revenu sur les différentes étapes de sa convalescence. Il a passé les trois premières semaines « à travailler physiquement, sans raquette » tout en profitant de cet arrêt pour effectuer des séances de kiné pour « soigner une tendinite qui traînait depuis deux ans. » En collaboration avec son préparateur mental – en travaillant « la visualisation » –, il a essayé de « garder les sensations et le rythme » en se rapprochant « au maximum d’un entraînement de “ping” », dont il était privé.
Dans un deuxième temps, il a incorporé un soupçon de jeu raquette en main, « en touchant la balle très doucement. » Avant d’enfin reprendre les choses sérieuses, début mai, lors d’un stage au Centre de ressources d’expertise et de performance sportive (Creps) de Nantes, avec ses camarades de l’équipe de France. « Il faut y aller progressivement, le risque n’est pas sur la main, qui est à peu près consolidée, il s’agit de réhabituer le corps à jouer à haute intensité », explique-t-il.
Coach des Bleus, Nathanaël Molin prônait la prudence et assumait d’attendre le dernier moment avant de prendre la décision ou non – en concertation avec le principal intéressé – d’aligner le numéro 2 tricolore au Qatar. « Les sensations de jeu sont ce qu’elles sont. Il ne s’entraîne pas de façon normale, mais il s’entraîne, confiait-il à huit jours du début des Mondiaux. On va se laisser le temps de prendre la décision au dernier moment, mais on suit le processus comme s’il jouait. »
Le mentor des frères Lebrun ne croyait alors pas en un scénario intermédiaire, comme l’éventualité de privilégier le double avec son petit frère au détriment du simple : « Je ne me vois pas lui demander ça. Connaissant le bonhomme, s’il peut jouer, il joue… »
Devant la presse, Alexis Lebrun insistait sur sa stratégie de ne prendre « aucun risque » pour la suite de sa carrière et de revenir simplement « le mieux possible. » Impossible pour le pongiste de 21 ans de se fixer des objectifs de performance avant le début du tournoi. S’il en a l’occasion, les ambitions viendront peut-être en accumulant les matchs et les victoires. S’ils remportent chacun leurs trois premiers matchs, les frères Lebrun se défieront dès les huitièmes de finale.