• Face à la menace posée par la Russie pour sa sécurité, le gouvernement allemand dévoile ce mercredi 27 août un projet de loi.
  • Objectif : réintroduire peu à peu le service militaire, sur la base du volontariat.
  • Plusieurs mesures incitatives sont prévues.

L’Allemagne continue d’opérer un tournant stratégique majeur. Longtemps marqué par un pacifisme profond et un sous-investissement militaire, le pays veut désormais instaurer un service volontaire : un projet de loi en ce sens doit être présenté ce mercredi par le gouvernement du chancelier conservateur, Friedrich Merz. Ce dernier a d’ailleurs décidé de délocaliser au ministère de la Défense son conseil, preuve que, face à la menace russe accrue depuis l’invasion de l’Ukraine, Berlin souhaite étoffer son armée.

Plusieurs détails ont déjà filtré ces dernières semaines. Concrètement, en 2026 et 2027, tous les jeunes hommes de nationalité allemande auront l’obligation de remplir un questionnaire sur leur volonté, leur aptitude et leur disponibilité pour servir dans l’armée : une manière rapide de recenser les forces disponibles et d’inciter d’éventuels candidats à passer des tests. Pour les femmes, remplir ce questionnaire sera basé sur le volontariat. Puis, à partir de 2028 – le délai nécessaire pour mettre en place une telle opération -, tous les jeunes hommes de 18 ans et de nationalité allemande seront soumis obligatoirement à des tests d’aptitude au service militaire, notamment sur le plan médical. Et ce, même s’ils décident finalement de ne pas servir sous les drapeaux.

Plusieurs mesures incitatives

Pour convaincre, le gouvernement envisagerait d’instaurer des primes d’engagement. Ceux qui sont prêts à franchir le pas bénéficieraient aussi d’une gratuité des transports et des soins médicaux, ou encore des cours de langue ou la possibilité de passer leurs permis de conduire. Pour attirer les jeunes, l’armée promet aussi un service militaire où ils pourraient acquérir des qualifications supplémentaires comme le maniement de nouvelles technologies (tels les drones) ou des cours de langues par exemple.

Pour Berlin, cette opération séduction s’avère indispensable. Alors que les effectifs de l’armée tournent autour de 180.000 personnes actuellement (plus 49.000 réservistes), le gouvernement estime en effet les besoins à environ 460.000. Soit au minimum 260.000 soldats d’active et près de 200.000 réservistes.

Pour l’heure, les autorités espèrent étoffer leurs effectifs en misant sur le volontariat. Mais, si ce n’était pas suffisant, le projet de loi envisage une conscription obligatoire qui ne pourrait être activée que si « la situation sécuritaire » l’exigeait et que le Bundestag, la chambre basse du Parlement, donnait son accord. L’Allemagne s’inspire du modèle de la Suède, qui a réintroduit la conscription en 2017 : dans les faits, seuls quelques milliers de Suédois effectuent leur service, selon les besoins de l’armée. Mais, en cas de crise, tous les jeunes sont susceptibles d’effectuer un service civil pour concourir à la défense du pays.

Cette année, 15.000 jeunes Allemands effectuent leur service militaire volontaire. Berlin table sur une augmentation de 3.000 à 5.000 par an pour atteindre jusqu’à 40.000 à partir de 2031.

T.G.

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