Vendredi soir, un homme à bord d’un véhicule BMW a fauché la foule en traversant à toute allure le marché de Noël de Magdebourg.
L’auteur présumé, Taleb A., réfugié saoudien de 50 ans, était connu depuis des années pour ses discours ouvertement complotistes et virulents.
Un profil qui interroge en Allemagne et met le gouvernement en difficulté.

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Allemagne : attaque à la voiture-bélier au marché de Noël de Magdebourg

« Pourquoi ? », questionne dimanche Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne, dans un éditorial. Pourquoi le médecin de 50 ans, suspecté d’avoir causé la mort de 5 personnes, et d’en avoir blessé plus de 200 autres vendredi 20 décembre sur le marché de Noël de Magdebourg en Allemagne, n’a-t-il pas été mis hors d’état de nuire plus tôt ? Car selon les dernières informations sur le profil du suspect, il multipliait, depuis des années, les signaux inquiétants. 

Selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé, il y a un an, une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND au sujet de Taleb A. En cause : un de ses tweets dans lequel il menaçait l’Allemagne d’un « prix » à payer pour son traitement des réfugiés saoudiens. 

Nous le connaissons bien, il nous a terrorisés pendant des années

Mina Ahadi, présidente du Conseil central des anciens musulmans

Un avertissement resté lettre morte, alors que l’homme s’enfermait toujours plus dans des discours complotistes et virulents. À plusieurs reprises, il a accusé l’Allemagne de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour échapper à un islam rigoriste, et en revanche d’accueillir à bras ouverts des musulmans radicaux d’autres pays. 

« Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands ? Je cherche cette voie pacifique depuis janvier 2019 et je ne l’ai pas trouvée », écrivait-il en août dernier sur son compte X. En 2013, il avait été condamné à une amende à Rostock, dans le nord de l’Allemagne, pour « troubles à l’ordre public » et « menaces de commettre des crimes ».

L’homme inquiétait au sein même de la communauté saoudienne exilée en Allemagne. « Nous le connaissons bien, il nous a terrorisés pendant des années », a confié la présidente du Conseil central des anciens musulmans, Mina Ahadi. Cette dernière l’a qualifié de « psychopathe adhérant à l’idéologie conspirationniste de l’ultradroite » qui « ne déteste pas seulement les musulmans, mais tous ceux qui ne partagent pas sa haine ».

De son côté, si la police allemande a mené une « évaluation de risque » le concernant l’an dernier, elle a toutefois conclu qu’il ne posait pas de « danger particulier », indique le quotidien Die Welt. La veille de l’attaque à Magdebourg, l’homme ne s’est pas rendu à une convocation judiciaire à Berlin, où il était poursuivi après avoir provoqué un esclandre dans un commissariat qui refusait d’enregistrer une de ses plaintes, selon des médias allemands.

« L’impéritie de l’administration, qui a permis l’horreur de Magdebourg, laisse sans voix », a ainsi taclé la chef de file de l’extrême droite allemande en vue des prochaines élections législatives de fin février, Alice Weidel. Le parti de gauche radicale BSW a tenu un discours similaire. Sa responsable, Sahra Wagenknecht, a demandé que le gouvernement explique « pourquoi un si grand nombre de mises en garde ont été ignorées ». 

Autre point à préciser : le bilan, qui pourrait encore s’alourdir, une quarantaine de personnes étant grièvement blessées. « Il n’est pas exclu que le nombre de décès augmente », a prévenu un adjoint à la mairie de Magdebourg. Si le chancelier Olaf Scholz a appelé les Allemands à « se serrer les coudes », l’attaque a ravivé les critiques, en pleine période de campagne électorale.


M.T avec AFP

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