Avec le retour du printemps, le pollen se libère et les allergies se multiplient à travers l’Hexagone.
Or, il est fréquent que les personnes souffrant d’allergies saisonnières deviennent sensibles à certains aliments, à commencer par les fruits.
En cause : le « syndrome pollen-aliment », une forme d’allergie croisée.

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Allergies aux pollens : la France en alerte

Vous êtes allergique au pollen ? Il y a des chances que vous le soyez aussi à certains fruits… sans même le savoir. Alors qu’au moins 20% des Français sont concernés par les allergies saisonnières, selon les chiffres du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), des effets secondaires peuvent venir compliquer davantage la vie de ces allergiques. En cause : le « syndrome pollen-aliment », une forme d’allergie croisée qui se manifeste lorsqu’une personne allergique devient sensible à une autre substance qui présente des protéines semblables à celles de l’allergène d’origine. Dans le cas du syndrome pollen-aliment, une personne souffrant d’allergies saisonnières est donc susceptible de développer une réaction allergique suite à la consommation d’aliments, et notamment de certains fruits et légumes.

C’est grâce aux progrès de la biologie moléculaire, qui a permis d’identifier les molécules allergéniques, que le diagnostic des allergies s’est affiné au fil des ans, permettant notamment d’observer des « allergies croisées », à savoir lorsqu’une même molécule peut se retrouver dans divers allergènes. Les spécialistes connaissent maintenant mieux ce phénomène et peuvent l’anticiper. Ainsi une allergie au bouleau s’accompagne souvent d’une allergie à la pomme mais aussi possiblement à l’abricot, à l’amande, à l’avocat, ou encore la banane. 

Cette corrélation peut également se manifester avec le melon et le pollen d’ambroisie par exemple, mais aussi avec le cyprès et la pêche ou les agrumes. Il en est de même pour l’allergie aux acariens qui peut aller de pair avec une allergie aux crevettes et plus largement aux crustacés, au poulpe ou encore aux escargots. 

« Ce type d’allergie se manifeste en général chez des personnes qui ont un terrain génétiquement prédisposé et apparaît rapidement dans les minutes qui suivent et jusqu’à deux heures après avoir inhalé l’allergène ou ingéré l’aliment », a eu l’occasion d’expliquer à TF1info lors d’une précédente interview le Dr Catherine Quéquet, allergologue et auteure du livre « Les nouvelles allergies. Comment les reconnaître ? Comment les combattre ? » (éditions du Rocher). « Mais attention, toutes les personnes allergiques au pollen de bouleau ne vont pas forcément être allergiques à la pomme ou à la carotte, cela n’est pas systématique », précise-t-elle.

A titre de repère, l’allergie croisée pollen-aliment la plus fréquente concerne le pollen de bouleau, qui serait présente chez 50 à 70 % des personnes allergiques à ce pollen, selon une étude publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) en 2011.

Quels symptômes ?

Dans son dernier numéro de l’émission « Sur le front » diffusé ce lundi 17 mars sur France 5, le journaliste Hugo Clément a consacré quelques minutes à ce syndrome « pomme-bouleau ». Il a fait appel au chercheur de l’Institut Pasteur spécialiste du pollen Pascal Poncet pour expliquer le lien entre les allergies au pollen et aux fruits. « Si vous êtes allergique au pollen de bouleau, vous pouvez devenir du jour au lendemain allergique aux pommes », prévient ce dernier après avoir montré à l’image la ressemblance troublante entre les protéines de pomme et de bouleau. Selon lui, cela s’explique par le fait que le corps ne sait pas faire la différence entre les deux protéines. 

En pratique, des symptômes oraux et digestifs peuvent se manifester après l’ingestion de certains aliments chez des personnes sensibilisées au pollen, et venir accentuer les symptômes bien connus des allergies saisonnières que sont les écoulements nasaux, les éternuements à répétition, la toux sèche ou encore les yeux qui démangent.

Pour rappel, le traitement le plus fréquent à ce jour, par antihistaminiques éventuellement associés à des corticoïdes, est efficace sur les symptômes mais pas sur l’allergie elle-même.

Alors que les beaux jours reviennent, les allergies aux pollens vont progressivement faire leur retour dans l’Hexagone. En cause, dans un premier temps, le pollen de bouleau justement. Suivront ensuite les platanes, les hêtres, les chênes et enfin les graminées de l’été. 


Audrey LE GUELLEC

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