• Hypnotiques, antidépresseurs, antidouleurs… Nous jetons beaucoup de médicaments.
  • Plusieurs études estiment que nous pourrions réutiliser une bonne partie de ces comprimés, crèmes ou inhalateurs.
  • La ministre de la Santé réfléchit avec les professionnels du secteur à remettre sur le marché certains produits rapportés à la pharmacie.

Les Français consomment pas moins de 41 boîtes de médicaments par an en moyenne, estime l’Assurance maladie. Bon nombre finissent à la poubelle. Le volume de médicaments ramenés en pharmacie, collectés par l’organisme Cyclamed, représentait 8.503 tonnes en 2023, soit 124 grammes par Français (environ deux boîtes). Résultat : les magistrats de la Cour des comptes calculent dans un rapport publié en septembre dernier que le coût des médicaments prescrits en ville, mais non consommés, pourrait atteindre chaque année en France jusqu’à 1,7 milliard d’euros de perte. 

L’Assurance maladie, lourdement endettée, cherche à faire des économies. Au printemps dernier, elle a lancé, en partenariat avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et Cyclamed, une étude inédite sur les tonnes de médicaments rapportés chaque année en officine. Objectif : analyser leur état et envisager, pour la première fois en France, des scénarios de réutilisation pour les boîtes intactes et non encore périmées. Le chantier reste encore exploratoire, mais il tend vers une sobriété des prescriptions et de lutte contre le gaspillage. Après des années passées à considérer la réutilisation de médicaments comme un tabou sanitaire et réglementaire, les choses pourraient changer en pharmacie.

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, soutient le mouvement. Elle assure « travailler avec les professionnels de santé pour que les produits qui sont rapportés à la pharmacie soient analysés afin d’être éventuellement remis dans le marché ». L’idée est de recycler les médicaments non utilisés pour les mettre à disposition d’autres patients.

Les pharmaciens dubitatifs

Dans les années 1990, des organisations comme Pharmaciens sans frontières réutilisaient les médicaments périmés, mais encore utilisables, à destination de pays en guerre. L’Organisation mondiale pour la santé ne soutient plus cette pratique. Plusieurs études assurent que nous pourrions réutiliser une bonne partie de ces médicaments surdosés. D’autres restent efficaces des années après leur date de péremption, certifie le magazine Que choisir (nouvelle fenêtre).

Philippe Besset, président de la Fédération des pharmaciens d’officine, se montre prudent auprès de nos confrères de la radio RMC (nouvelle fenêtre). Il rappelle que cette mesure implique une nouvelle mise en boîte avec une nouvelle notice d’utilisation. Il estime également que les médicaments en dessous de dix euros l’unité ne valent pas le coût : « Un comprimé d’antibiotiques vaut 20 centimes d’euros. Le prix de la manutention, du contrôle et pour les remettre à disposition ne vaut pas le coût ». En revanche, il juge « dommage » de détruire des médicaments réutilisables et très onéreux à destination de patients cancéreux par exemple : « En les donnant à un hôpital, des procédures de contrôles peuvent être faites et les médicaments peuvent être réutilisés ».

Geoffrey LOPES

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